Revue philosophique

La pensée systémique associe divers concepts : celui d'ensembles d'éléments interdépendants à ceux de complexité, d’auto-organisation, d’interactivité.

Le principe en est le suivant. Soit un ensemble et ses composants, la pensée systémique considérera que :

  • L'ensemble possède des propriétés qui proviennent de l'assemblage lui-même. Il s'ensuit trois conséquences. S'il se défait, les propriétés disparaîtront. Si l'organisation change, les propriétés changeront (bien que les constituants soient les mêmes). L'ensemble ne doit pas être décomposé, car alors il perd ses propriétés.
  • Certaines des propriétés des composants sont attribuables aux relations qu’ils entretiennent avec les autres au sein de l'ensemble. Elles ne peuvent donc être connues si on les sépare de l'entité.
  • L'ensemble peut et doit être considéré pour lui-même, indépendamment de ses constituants. Il a une existence autonome.

La pensée systémique s'oppose à la pensée analytique qui atomise en éléments simples et recherche des séries causales indépendantes. Dans ce cas, un ensemble constitué est considéré comme un agrégat : les propriétés des éléments sont indépendantes (intrinsèques) et celles de l'ensemble résultent de la composition des parties.

Les théories de type structural et systémique essayent de rendre compte des différents ensembles organisés présents dans le monde sans les dissocier. Le principe est d'abord épistémologique (la bonne manière est de considérer des ensembles et de les modéliser en systèmes) et parfois ontologique (ces ensembles correspondent à une organisation du réel qui existe effectivement).

La pensée systémique peut être employée dans presque tous les domaines de la connaissance. 

Appliquée à la science elle-même, la pensée systémique considère le savoir comme un tout. Cette doctrine a été défendue par Pierre Duhem, sous le nom de holisme. Pour cet auteur, ce n'est jamais un énoncé scientifique isolé, mais le corps tout entier de la science qui affronte le verdict de l'expérience.

Thomas Kuhn a défendu l'idée qu'il n'y a pas de conception isolée dans les sciences. Cette manière de voir a pour conséquence de mettre en évidence des discontinuités entre systèmes épistémiques, car deux ensembles différents et homogènes ont peu de chance d'être compatibles. Il y aurait une incompatibilité (incommensurabilité) entre deux systèmes épistémiques.

(voir aussi structuralisme et holisme)