Revue philosophique

Le mot épistémologie est apparu pour la première fois en 1906 dans un supplément du nouveau Larousse illustré, puis il a été utilisé par Émile Meyerson dans Identité et réalité (1908). Actuellement, on désigne par épistémologie la description et l’examen critique des procédés (théoriques et pratiques) selon lesquels sont mises en œuvre les sciences.

L'épistémologue s'intéresse aux modes de connaissance (grands principes, méthodes d'investigation et d'expérimentation) et à la qualité des savoirs produits par les disciplines scientifiques. Elle étudie les conditions permettant à une connaissance d'avoir (ou pas) un statut scientifique et de produire (ou pas) un savoir valide. Elle met en évidence la rationalité spécifique aux théories et aux pratiques scientifiques.  

L'épistémologie s'intéresse lorsqu'elle étudie une science, aux principes ontologiques qui la guident (ce qui la fonde), aux principes gnoséologiques qu'elle applique (les manières de connaître) et enfin à ses procédés empiriques (les formes d’expérimentation, d'observation, d'enquête et les techniques employées). L’épistémologie s’efforce de formaliser les paradigmes scientifiques (ensemble des principes admis par la communauté qui servent de modèle pour une science, à un moment de son évolution).

L'épistémologie est le fait des philosophes qui s'intéressent aux sciences, mais également des scientifiques eux-mêmes dans leur activité lorsqu'ils réfléchissent sur leur discipline. Cette réflexion interne au domaine de recherche peut, à certains moments, prendre un aspect critique et inviter à dépasser le paradigme en vigueur.

L’épistémologie historique (terme proposé par Dominique Lecourt en 1969) vise à éclairer non seulement l’émergence des concepts scientifiques, mais aussi les « rationalités » plus larges qui les rendent possibles. Un débat a lieu pour savoir si ces rationalités doivent être étudiées à l’intérieur d’une logique exclusivement scientifique ou comme étant des modes de raisonnement inscrits plus largement dans la culture savante d'une époque.

On a reproché à l’historicisation de l’épistémologie d’entraîner un relativisme sceptique. La relativisation des connaissances scientifiques à leurs conditions historiques n'exclut pas de juger de leur validité. On peut à la fois contextualiser historiquement une science et « assumer la question difficile de la validité des théories » (Jean Gayon). Reconstituer la genèse historique, n'empêche pas la reconstruction rationnelle et la réflexion critique.