Revue philosophique

Dans l'usage courant, le verbe être dit de la chose empirique dont on parle qu'elle existe concrètement, qu'elle n'est pas une fiction sans consistance, une illusion. De plus, les choses concrètes sont pourvues de qualité (beau, laid, utile, dur, brillant, etc.), l'emploi ordinaire du mot rejoint l'usage logique. Dans l'usage logique, le verbe « être » constitue la copule qui indique les qualités, caractères, etc. du sujet en le liant à ses attributs. « A est b » est une proposition qui attribue la qualité b au sujet logique A.

Dans un usage métaphysique, le nom « être » signifie que l’on suppose un fondement derrière les divers « étants » concrets (les choses, les personnes, les évènements). Le jugement métaphysique le plus courant consiste à déclarer l’être substantiel, à lui attribuer un rôle de support.

Le terme être désigne souvent une existence indéterminée, indifférenciée et inconditionnée. Dans ce cas, l’emploi du terme est connoté implicitement par l'idée d'une transcendance et il est noté avec une majuscule : Être. La métaphysique prétend produire, par intuition directe ou par le raisonnement, un savoir sur l'Être. Elle se veut la connaissance du fondement inconditionné du monde.

Une des manières courantes de faire de la métaphysique consiste à se demander quel est le mode d’être de tel étant qui, en tant que phénomène, serait une apparence. Dès lors, il s’agirait de dévoiler l’être caché derrière l’apparence, le « dévoiler ». Par exemple, selon Martin Heidegger, le mode d’être du Da-sein (l’homme) se trouverait en répondant à la question « qui » et celui des choses en répondant à la question « quoi ? ».

Il est naïf de supposer que, partant de l’expérience ordinaire et subjective, on puisse, par un raisonnement, accéder au fondement, à l'Être, à la substance du Monde. Les réponses aux questions posées par la réalité empirique ne peuvent s’appliquer à une entité générale, abstraite et indifférenciée comme l’Être.

Sur le plan ontologique, non nécessairement métaphysique, la notion d'être renvoie un état fixe, statique, éternel. Dans une perspective ontologique prudente, on utilisera plus volontiers le concept d’existence à la place d’être pour signifier que l’on porte un jugement affirmatif et positif sur le monde (il existe). Par contre, si l’on fait allusion à un fondement supposé de la réalité empirique, le terme de réel est plus adapté. L’opposition de l’être à l’étant se résorbe alors dans la relation du réel (en soi et supposé) à la réalité (empirique). On est ainsi amené à distinguer l'existence en soi, qui est indépendante de la relation que l'on peut avoir avec elle, et l'existence empirique liée à l'expérience et à la connaissance que nous en avons.