Revue philosophique

D’un point de vue empirique, les choses sont les entités concrètes et finies qui nous entourent dans la vie ordinaire. Elles sont identifiables grâce à nos sens et nos actions. Selon le réalisme spontané, on admet qu’elles sont présentes dans la réalité et interagissent avec nous. Les choses sont inertes et dépourvues d’activité ou de volonté propres. On y oppose les animaux qui sont actifs et les humains qui sont des personnes. Les choses sont caractérisées par leurs propriétés.

Le terme a une extension vaste et vague et on le trouve employé dans des sens très différents. La chose publique (res publica) est l’existence trans-personnelle d’une organisation politique, ce qui se différencie complètement de la chose concrète. La chose étendue et la chose pensante (res extensa / res cogitans) renvoient au concept de substance.

La chose en soi (Ding an sich) d’Emmanuel Kant désigne ce qui est (par soi-même) en dehors de la connaissance que nous pourrions en avoir. Il ne s’agit pas des choses concrètes individualisables, mais d’une désignation générique de ce qui existe.

Dans une perspective épistémologique, les choses sont les référents individualisables dont on suppose l’existence dans notre environnement. Le terme est aussi employé pour noter la séparation du concret empirique et autonome (les choses en général) des fictions, illusions et fantasmes qui se projettent spontanément sur l'environnement.

Deux doctrines s’opposent. La doctrine qui considère, selon un réalisme immédiat, que les choses concrètes existent par elles-mêmes. Elle est appelée le « chosisme ». Les choses seraient là, devant nous, d’évidence. S’y oppose le « constructivisme » qui suppose une activité de connaissance active associant la perception, l’action et la pensée, pour saisir la réalité. Dans ce dernier cas, on préfère le terme d’objet, afin de se distancier du réalisme naïf des choses. L’objet peut devenir très complexe, comme les objets des sciences qui résultent d’une longue élaboration au sein de chaque discipline scientifique.

Gaston Bachelard parle d’un échec du chosisme face aux objets de la micro-physique, tel que les électrons, les protons, etc. Leurs propriétés ne sont jamais les propriétés des choses communes. On ne saurait les considérer de la même manière.