Revue philosophique

Emmanuel Kant est réaliste, au sens où il considère que le Monde existe indépendamment de l’homme, mais, simultanément, il juge la connaissance active. Notre savoir sur le Monde est le résultat d'une construction. Concernant ce qui existe, l'homme peut connaître l'aspect phénoménal, la réalité empirique, saisie par la sensibilité et expliquée par l'entendement. « Les choses telles qu’elles nous apparaissent, en tant qu’elles sont pensées comme des objets conformément à l’unité des catégories, s’appellent phénomènes » (Critique de la raison pure). Mais, « derrière les phénomènes, il doit y avoir pourtant pour les fonder (quoique cachées) les choses en soi, ...» (Fondements de la Métaphysique des mœurs).

Emmanuel Kant nomme chose en soi (Ding an sich) ce qui existe en arrière-plan, mais échappe à la connaissance car, « quand même nous pourrions porter notre intuition à son plus haut degré de clarté, nous n'en ferions point un pas de plus vers la connaissance de la nature même des objets. Car en tous les cas, nous ne connaîtrions parfaitement que notre mode d'intuition, c'est-à-dire notre sensibilité, toujours soumise aux conditions d'espace et de temps originairement inhérentes au sujet ; quant à savoir ce que sont les objets en soi, c'est ce qui nous est impossible même avec la connaissance la plus claire de leurs phénomènes, seule chose qui nous soit donnée » (Kant E., Esthétique transcendantale).

La question de l'en soi ne concerne pas la perception immédiate du concret, les choses usuelles. D’un point de vue empirique, les choses sont les éléments concrets qui nous entourent dans la vie ordinaire. Vouloir saisir l'en soi d'une chose, attitude souvent qualifiée de phénoménologique, n'aboutit qu'à des spéculations obscures et sans fondement. Le problème n'est pas empirique, mais ontologique, c'est pourquoi il vaut mieux parler plus simplement d'en soi. L'en soi chez Kant et proche de la substance, du substrat des choses (Critique de la faculté de juger, p. 222) il est soumis aux lois de la nature (Critique de la faculté de juger; p. 213)

Du point de vue ontologique, la question est de savoir s'il existe quelque chose, en arrière-plan des phénomènes. Dans l'affirmative cet aspect indépendant de nous, serait donc « en soi », par lui-même, sans références à la conscience ou à la connaissance empirique que nous en avons. Si on adopte une ontologie réaliste, on admettra qu’il existe un réel indépendant (une existence en soi). Pour un kantien, on peut en supposer cette existence, mais elle est inaccessible à notre connaissance.

La chose en soi doit être distinguer des Noumènes