Revue philosophique

Le terme nature cumule plusieurs couches de significations.

Au premier chef, la nature désigne ce qui entoure l’Homme et au sein de quoi il vit. Cet entour est, dans la plupart des civilisations, conçu comme extérieur et différent de la culture. Dans l’usage ordinaire contemporain, le terme de nature vise ce qui, sur Terre, échappe encore à l’artificialisation à l’industrialisation. De nos jours, compte tenu des impacts massifs de l’industrie et de l’urbanisation, il s’agit des paysages qui ont été peu modifiés et sont, de ce fait, dit « naturels ». On retrouve cet usage dans le naturalisme en peinture et pour les études savantes naturalistes, comme la botanique, la minéralogie, la zoologie, etc. 

L’idée centrale constamment évoquée concernant la nature est celle d’un développement spontané des êtres vivants, ce qui se retrouve dans le grec ancien phusis traduit en latin par natura. La nature est, dans les cultures traditionnelles, perçue de façon magico-religieuse comme une entité vivante, surpuissante, dotée d’une volonté (bonne ou mauvaise). On retrouve ces sentiments dans tous les paganismes. 

Actuellement deux courants de pensée s’opposent.

1/ Le naturalisme (au sens rationaliste) pour lequel la nature est tout et est régie par une détermination autonome. Elle est connaissable par les sciences. Cette doctrine issue de la révolution mécaniste du XVIIe siècle vise à séculariser le Monde. Il n’existe rien en dehors de la nature qui est un enchainement de fait. En se définissant par opposition au surnaturel, le naturalisme a tendance à étendre la nature à la totalité du Monde. Ce naturalisme défend un causalisme matérialiste réducteur. Il s’ensuit que l’homme, la culture, les sociétés, sont naturels et n’ont pas de spécificité.

2/ Le vitalisme et l'animisme doctrine pour lesquelles tous les êtres vivants, ainsi que les éléments de la nature, possèdent une âme ou une essence spirituelle. Dans cette perspective, la nature est habitée par des esprits ou des divinités, et elle est traitée avec respect et vénération. Dans la version panthéiste Dieu est présent dans la nature ou se confond avec elle. La nature considérée comme sacrée se retrouve parfois comme source affective du projet écologiste. Le romantisme allemand au XIXe et début du XXe siècle a valorisé la nature, la percevant comme une source d'inspiration émotionnelle et un refuge contre l'industrialisation et la rationalité de l'époque. Cette nature mythifiée est liée à la spiritualité.

Dans de nombreux cas le terme de nature, peut être utilement remplacé par d’autres, plus appropriés et plus précis. Par exemple pour désigner la totalité par celui de Monde, pour ce qui est connu par celui d’Univers, pour ce qui entoure Humanité par celui d’environnement. L’Homme entre en interaction à titre individuel et collectif avec l'environnement terrestre tel qui s'est constitué. On l'explique scientifiquement par la formation des écosystèmes distribués dans la biosphère, la géosphère, et l’atmosphère. La sphère culturelle, techno-industrielle et sociale constitue un néo-environnement qui interagit avec le premier d'une manière qui est devenue massive.

Pour ce qui est des enjeux ontologiques et métaphysiques, voir l'opposition nature-culture.