Revue philosophique

Un faisceau rassemble des éléments séparés de même type. Il y a deux manières de considérer un faisceau, soit comme un tout ayant des propriétés spécifiques, soit comme un ensemble d'éléments rassemblés en une collection qui n'a pas d'existence propre.

En philosophie, on parle de théorie du faisceau pour désigner la conception ontologique de type empiriste, due à David Hume, pour laquelle ce qui existe est constitué uniquement de collections de propriétés. Cette doctrine est en opposition avec l'ontologie substantialiste. Contrairement à celle-ci, la théorie du faisceau postule qu’il n’existe pas de substance ou substratum dans laquelle résideraient les propriétés saisissables empiriquement.

Selon cette théorie, un objet se compose de ses propriétés et réciproquement, il ne peut exister d'objet sans propriétés. Les substances n’existent pas, ce sont des fictions qui tiennent au langage. En effet, celui-ci impose d'utiliser un nom ou un sujet grammatical qui peut recevoir des prédicats, chacun d’eux désignant une propriété. Les noms sont substantifiés sans motif, car ce qui existe ce sont seulement les propriétés.

Il faut noter qu'il s'agit d'une théorie empirique portant sur le concret particulier, identifiable comme individu composé (chose ou personne), et non une théorie des formes d'existence du Monde (générale, transverse, concernant le réel), sauf négativement pour récuser le substantialisme.

L'application psychologique de la « théorie du faisceau » développée par David Hume dans son Traité de la Nature humaine (1738) le conduit à considérer le « moi » comme une fiction, une entité métaphysique inexistante et à douter de l'identité personnelle.

La théorie du faisceau met en question, à juste titre, le concept de substance. C'est à un moment de l'histoire des idées où il n'existe pas d'autre possibilité, hormis le nominalisme, mais de nos jours, la supposition du réel n'implique pas de le substantifier.