Revue philosophique

Vérité d’autorité, vérité par la raison

(L’ambiguïté de la tradition chrétienne)

 

En même temps qu’émergeait la philosophie, en Grèce, au Vème siècle avant J.-C., le sens du mot alètheia évoluait de son sens archaïque de « vérité d’autorité », autoréférentielle, au sens moderne de « vérité par la raison », par la démonstration. Depuis Aristote, pour qualifier quelque chose de « vrai » ou de « faux » (1), il faut ainsi disposer d’un critère de vérité et d’une procédure de validation extérieurs au locuteur, alors que l’autoréférence est connue pour conduire à des paradoxes (2).

 

Pour citer cet article :

 

Castel, Jean-Pierre. Vérité d’autorité, vérité par la raison L’ambiguïté de la tradition chrétienne. Philosophie, science et société. 2018. https://philosciences.com/verite-autorite-raison.

 

Plan :


  1. L'alètheia
  2. De l’autorité aux procédures de validation égalitaires, libres, plurielles
  3. Faux dieux ?
  4. Duplicité chrétienne sur le mot Vérité
  5. Jésus, Pilate et la vérité
  6. Conclusion: mal nommer un objet

 

Texte intégral :

 

En science et en philosophie, les critères de vérité sont la cohérence logique, c'est-à-dire la non-contradiction et, quand elle est possible, la confrontation avec le réel ; le débat contradictoire, la vérification par la communauté des pairs valent procédure de validation : critères et procédure font appel à des référents extérieurs. Cette distinction, la tradition chrétienne tend à l’oblitérer pour elle-même, revendiquant pour sa vérité, une vérité révélée, d’autorité, le statut de vérité rationnelle. Non seulement certains théologiens affirment ainsi que « le rationalisme, c’est le monothéisme »3, mais nombre d’auteurs contemporains laïcs, historiens, philosophes ou scientifiques, leur emboîtent le pas, allant par exemple jusqu’à prétendre que la science moderne serait le fruit de « la quête chrétienne de la vérité » (4).

 

1. L’alètheia

L’évolution du sens du mot alètheia, de la période grecque archaïque, durant laquelle il s’apparentait à la notion de vérité d’autorité, à la période grecque classique, au cours de laquelle il acquit le sens de vérité par la démonstration, a été décrite par Marcel Détienne dans un livre qui a fait date, Les maîtres de vérité en Grèce archaïque, et qui présente le Poème de Parménide comme le point de bascule de cette évolution. Ce « tournant parménidien » (5) constitue le versant grec du « tournant axial », ce grand mouvement civilisationnel qui a eu lieu aux VIe et Ve siècles av. J.-C., caractérisé par certains (Karl Jaspers, Charles Taylor) par le développement de la conscience réflexive, par d’autres (Jan Assmann, Gérard Leclerc) par le développement de l’écriture alphabétique et le la communication écrite.

L’alètheia archaïque

À l’époque archaïque, le mot alètheia avait une connotation magico-religieuse. C’était la parole dispensée par des personnes investies d’une d’autorité relevant du sacré, qu’elles soient aèdes, devins, rois de justice, prêtres, ou plus généralement « Maîtres de vérité ». Une parole « vraie » n’était pas une parole conforme à la réalité, mais une parole émanant d’une autorité considérée comme légitime, digne de confiance, une parole qui n’a nul besoin de preuve.

Cette Alètheia n’était d’ailleurs pas dépourvue d’ambiguïté. Les dieux grecs étaient en effet ambivalents : Apollon guérit et tue, Dionysos incarne à la fois le désordre social et la civilisation, Athéna, l'intelligence et la guerre. Les dieux pouvaient dire la justice mais aussi séduire, feindre, tromper. Les Muses, ces déesses mantiques, c'est-à-dire de l’art mémoire, disaient à la fois la vérité et la tromperie. Le contraire de l’alètheia archaïque n’était pas le faux, le mensonge, mais l’oubli, le blâme (par opposition à la louange), la nuit (par opposition à la lumière) : Léthé désignait en effet la déesse de l’oubli, d’où le mot a-lètheia, qui ne doit pas être oublié. Une parole sacrée devait être conservée et transmise par les détenteurs de l’autorité, elle devait être remémorée et prise pour exemple.

L’alètheia archaïque ne relevait donc pas d’un jugement de correspondance, elle n’était ni argumentative ni démonstrative, ni expérimentale, mais assertorique, magico-religieuse, parole d’autorité, initiatique, ésotérique. Pour Gérard Leclerc, « à aucun moment […] elle ne cherche l’accord des auditeurs, l’assentiment du groupe social […] Elle se déploie avec la majesté d’une parole oraculaire » (7). Elle porte sur le « qui ? » plutôt que le « quoi ? », sur des « vérités existentielles » plus que sur la vérité rationnelle, elle est plus ontologique que logique. « Les “sages” présocratiques pensaient encore dans l’univers du mythe, qui ignore la coupure entre la vérité et la fiction, entre le réel et l’illusoire, entre la volonté et le savoir », commente Nietzsche (8).

Ce sens magico-religieux d’Alètheia est à rapprocher de celui des mots hébreux Emounah (foi), Emet (vérité, fidélité), Amen (du verbe Aman, croire) (9): ces mots n’expriment pas tant l’idée abstraite et intellectuelle de conformité au réel, que d’assurance, de fidélité, de loyauté, de croyance absolue, de permanence, de solidité, à l’image du rocher (2 Samuel 22, 32). Ils qualifient la parole divine ou celle des « maîtres de vérité » que sont les Prophètes (10), « une “vérité” qui n’est séparable ni de l’ordre rituel, ni de la prière, ni du droit, ni de la puissance cosmique assurant le retour régulier des aurores » (11). Dans la Septante (la version grecque de la Torah, élaborée au III ème siècle av. J.-C. pour la Diaspora), Emet fut traduit par alètheia, cette alètheia que reprendront les Évangiles et qui sera traduit en français par « vérité ».

L’alètheia par la démonstration, laïcisation de la parole

Les évolutions sociales et politiques ‒ le développement d'un idéal égalitaire associé à la réforme hoplitique dans l’art de la guerre, au passage de la royauté à la cité et enfin à la démocratie feront passer « du mythe à la raison » (du mythos au logos), de l’épopée à la philosophie ; elles amèneront également l’invention de la démonstration mathématique, ajoute Maurice Caveing (12).

Parménide (Vème siècle av. J.-C.) distingua le domaine de la vérité (alètheia) et celui de l'opinion (doxa) (13). « Parménide fonde l'alètheia comme exigence de vérité, c'est-à-dire comme ensemble de règles épistémiques à respecter pour sortir le plus possible la doxa du doute qui lui est inhérent », commente Maurice Sachot. Platon (Vème /IVème siècle av. J.-C.) relégua le mythe au domaine de l’illusion pour laisser la place au logos, chargé dorénavant d’accueillir et de produire le sens. Aristote (IVème siècle av. J.-C.) formalisa le principe du tiers exclu, et développa sur cette base la logique. Ne fut désormais reconnu comme vrai ou faux que ce qui avait fait l’objet d’un débat contradictoire.

Désormais, ce n’était plus l’autorité d’un maître qui garantissait l’alètheia d’une parole, mais le dialogue, la confrontation libre des points de vue sur l’agora. Alors que la parole magico-religieuse « instituait l’action dans un monde de forces et de puissances, la parole-dialogue au contraire précède l’action humaine, elle se fonde sur l’accord du groupe social qui se manifestait par l’approbation et la désapprobation » (14) . « Les serments [et les ordalies] qui tranchaient par la force religieuse cédèrent le pas à la discussion, qui permettait à la raison de donner ses raisons et offrait ainsi au juge l’occasion de se faire une opinion après avoir entendu le pour et le contre. Le dialogue triompha » (15) .

« Le logos n’était plus une parole réservée et secrète : il se déployait dans l’agora, c’est-à-dire dans l’espace public […] À l’ambiguïté dont l’alètheia s’accommodait dans la pensée mythique se substitua la contradiction dans l’univers dichotomique du philosophe […] Dans ce nouveau contexte la vérité apparaissait comme adaequatio rei et intellectus » (16) , connaissance pour laquelle le respect, les conditions formelles de production du discours devenaient essentielles.

« Pour que l’Alètheia religieuse devienne concept rationnel, il a fallu que se produise un phénomène majeur : la laïcisation de la parole …», ajoute Marcel Détienne (17). Ce processus se caractérise par le passage de la parole magico-religieuse, intemporelle, réservée à des personnages exceptionnels, à la parole-dialogue, « inscrite dans le temps, de caractère égalitaire, pourvue d’une autonomie propre et élargie aux dimensions d’un groupe social » (18). « La naissance de la philosophie [et de la science], poursuit Jean-Pierre Vernant, apparaît solidaire de deux grandes transformations mentales : une pensée positive, excluant toute forme de surnaturel et rejetant l'assimilation implicite établie par le mythe entre phénomènes physiques et agents divins ; une pensée abstraite, dépouillant la réalité de cette puissance de changement que lui prêtait le mythe, et récusant l'antique image de l'union des opposés au profit d'une formulation catégorique du principe d'identité » (19) .

2. De l’autorité aux procédures de validation égalitaires, libres, plurielles

Ce n’est tant pas la notion elle-même de vérité, au sens de distinction du vrai et du faux, qui émerge (20), mais l’autorité de ceux qui portent la vérité, et la liberté de ceux qui la reçoivent, qui se transforment, avec le développement de critères de vérité et de procédures de validation conduites par d’autres que le locuteur : de l’autoréférentiel on passe à l’hétéroréférentiel, du religieux au laïc, de l’aristocratique au démocratique.

« De la parole religieuse dominatrice, dont la valeur de vérité dépend de sa source, aux discours contradictoires et argumentés, du savoir réservé, des conduites et des pratiques secrètes, privilèges d'une élite aristocratique, aux pratiques publiques placées sous le regard de tous, enfin des hiérarchies sociales strictes au régime d'isonomie des égaux liés par la philia citoyenne, c'est un même processus que l'on voit à l'œuvre, celui de la désacralisation, comme adaequatio rei et intellectus compris à la fois comme laïcisation et comme démocratisation », conclut Jean-Pierre Vernant (21) .

« L’histoire de la vérité [n’est pas] autre chose que l’histoire de l’autorité, c’est-à-dire de la revendication de crédibilité de certains locuteurs, commente Gérard Leclerc. […Cette] première forme de “sécularisation de la parole”, de “laïcisation de la pensée” [met] en question l’autorité sacrée de la Parole oraculaire et divine. On passe d’une forme de discursivité où la vérité est le résultat de procédures institutionnelles et rituelles de l’énonciation garantissant l’autorité de l’énonciateur, à une vérité qui résiderait dans la nature même de l’énoncé, dans le contenu même du discours, indépendamment de la position de son auteur […] La culture occidentale est passée du régime de l’Autorité (l’auctoritas du “déjà dit”, une fois pour toutes, dont le paradigme est la Révélation) à celui de la liberté d’énonciation, de la libre recherche, de la légitimité du doute critique généralisé, de la liberté d’opinion, d’expression, en matière religieuse, politique, civile, etc. […] La Vérité suppose [désormais] la reconnaissance d’une pluralité des discours légitimes, et non pas l’affirmation autoritaire de l’unicité du discours vrai, incarné par l’Orthodoxie » (22) .

Déjà Platon avait diagnostiqué cette bascule de « l’éthique aristocratique, fondée sur la valorisation du pouvoir, de la violence, du droit du plus fort, sur la volonté de puissance » à « l’éthique démocratique, philosophique […], qui recherche, à travers le dialogue certes conflictuel, mais pacifique, la sagesse, le savoir, la vérité du discours. D’un côté, la primauté des rapports de force, la marginalisation de la parole ; de l’autre, la primauté du discours, le rejet de la violence comme argument suprême […] La visée de vérité est indissociable d’une visée de crédibilité [...] Le problème “philosophique” de la vérité n’est guère dissociable du problème “sociologique” de l’autorité, c’est-à-dire de la revendication et de l’attribution de crédibilité » (23).

D’un côté l’autorité, de l’autre la liberté (24). Avec le passage de l’alètheia archaïque à l’alètheia classique, c’est « la puissance performative de dire le vrai du fait d’un statut [qui] est récusée, renchérit Marcel Hénaff. C’est là une transformation intellectuelle aux conséquences immenses (que ni les penseurs romantiques, ni même Nietzsche, ne semblent avoir vraiment mesurée) » (25) .

Plutôt que d’évoquer, comme Michel Foucault et Paul Veyne, différents « régimes de vérité », sans doute serait-il plus juste de parler de différents « régimes d’autorité », qui se distinguent par les procédures sociales, symboliques, institutionnalisées, ritualisées, par lesquelles la vérité est établie, diffusée, reconnue, acceptée.

3. Faux dieux ?

Aucune civilisation non abrahamique n’avait jamais introduit le vrai et le faux dans le domaine des dieux. Une religion peut toujours disqualifier les autres dieux comme impuissants, mauvais, trompeurs, et interdire à ses fidèles de les adorer. Le dieu abrahamique en revanche les qualifie de « faux », sans proposer toutefois aucun critère ni aucune procédure de vérité qui lui soient extérieurs comment le pourrait-il ?

L’expression « faux dieux » n’appartenait d’ailleurs pas à la tradition juive hébraïque. Elle apparaît pour la première fois dans la version grecque de la Torah, la Septante. La Torah hébraïque ne parlait en effet pas de « faux » dieux, mais seulement de dieux interdits, des « dieux des nations [autres qu’Israël] » devant lesquels Yahvé, le « dieu jaloux », interdit de se prosterner. Elle parlait aussi « des dieux qui ne sont pas Dieu, qui sont faits de main d’homme, qui ne sont que des objets de bois, de métal, d’airain, etc. » : des dieux disqualifiés, sans pourtant être réputés « faux » (26). De même, l’expression « Vrai Dieu » (El Emet ou Elohim Emet) n’apparaît pas dans la Torah elle-même ; elle ne se trouve que deux fois dans la Bible juive 27. C’est la Septante, la version grecque de la Torah, qui se mit à parler du « vrai dieu » et de « faux dieux » (28).

Dans la Bible chrétienne en revanche, le mot « vérité » est omniprésent  il apparaît aussi souvent que le mot amour (29). Exaltée par l’évangile de Jean la Parole divine y est assimilée au logos, à la raison 30, la confusion entre Foi, Raison et Vérité sera entretenue durant toute l’histoire de la chrétienté (31). Le dogme ratio ancilla fidei subordonnera la raison à la foi, l’adage philosophia ancilla theologiae subordonnera la philosophie à la théologie, la foi sera déclarée vera philosophia (32), Pascal invitera des chrétiens à sacrifier la raison à la foi, le discours Foi et Raison, Amour et Vérité sera porté par toute la tradition chrétienne. Dans sa conférence « Vérité du Christianisme ? » (1999), Joseph Ratzinger identifie explicitement Foi, Vérité et Raison : « Le primat du logos et le primat de l'amour se révélèrent comme identiques […], la raison véritable est l'amour et l'amour est la raison véritable, […] toutes les crises à l’intérieur du christianisme [sont dues à la remise en cause de] la prétention du christianisme à la vérité » (33).

Dans l’islam, Averroès (1126-1198) fut exilé pour avoir énoncé une théorie de la double vérité, la vérité par la foi et la « vérité par la raison » ; au XIIIème siècle, les « averroïstes latins » (expression qui désigne les très chrétiens Siger de Brabant et Boèce de Dacie) furent accusés et condamnés pour avoir soutenu cette doctrine.

A noter qu’une confusion parallèle se développa sur le mot « parole », dabar en hébreu, logos en grec. Dabar contient une notion d’action, de volonté, de puissance créatrice, logos une notion d’idée, de raison : la traduction, chrétienne, d’un « dieu créateur » en un « dieu de raison » résulte là encore d’un glissement de sens de l’hébreu au grec, de dabar à logos  (34).

4. Duplicité chrétienne sur le mot Vérité

« Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ? » 1 Jean 2,22

Les Évangiles furent écrits en grec (la Palestine et la Diaspora étaient hellénisées depuis la conquête d’Alexandre au IVème siècle avant J.-C). Plusieurs siècles s’étaient donc écoulés depuis Aristote, et ce fut en toute connaissance de son sens classique, de vérité par la démonstration, que les Évangélistes employèrent le mot alètheia ; il fut ensuite traduit dans la Vulgate par veritas, puis dans les langues vernaculaires par le mot correspondant au français vérité. Pourtant, dans le contexte d’un texte religieux, prononcé par un « maître de vérité » ‒ à qui mieux qu’à Jésus convient une telle appellation ? (35) ‒, le mot était employé dans son sens archaïque, de parole délivrée par une autorité sacrée, autoréférentielle.

Après Aristote, les Stoïciens, pour éviter le risque de confusion entre le sens archaïque et classique, avaient pris la précaution de distinguer explicitement alètheia (la vérité comme parole d'un sage) et alèthès, le vrai dans le sens d'une parole non contradictoire.

Les Évangélistes ne prirent pas la précaution de distinguer des deux sens, mais, au contraire, jouèrent sur leur confusion, jusqu’à la mettre en scène dans le dialogue entre Jésus et Pilate (Jean 18, 37-38) (36), au cours duquel Pilate se réfère à la vérité classique, de raison, Jésus à la vérité archaïque, d’autorité. « Pilate entend Vérité selon la culture d’un Latin hellénisé, quand Jésus l’annonçait selon l’univers mental d’Israël », commente le bibliste Jacques Cazeaux, qui parle de malentendu culturel (37).

Selon le récit chrétien, Jésus ne répondit pas à la question de Pilate, de sorte que le malentendu ne fut pas levé, mais au contraire entretenu, dramatisé par toute la tradition chrétienne. Des bibliothèques entières furent écrites soit pour échafauder une sorte de concordisme entre vérité selon la foi et vérité selon la raison « Le rationalisme, c'est le monothéisme », proclame par exemple Claude Tresmontant (38) -, soit pour magnifier la première, « la vérité chrétienne […] qui répond aux questions existentielles […] qui éclaire tout homme et sanctionne ses actions » (39), et pour dévaloriser la seconde, qualifiée de « vérité des modernes » (40), de rationalisme, de relativisme.

Les deux sens du mot vérité relèvent pourtant de registres différents. S’ils ne se confondent pas, ils ne s’opposent pas non plus, voire peuvent être complémentaires 41. Leur confusion, et la dramatisation du malentendu, ne font que rendre conflictuelle leur cohabitation. Mais, autant le procès de « laïcisation de la parole » 42 avait été compatible avec le polythéisme grec, qui ignorait toute forme d’exclusivisme, autant il ne pouvait qu’être combattu par le « dieu jaloux » des trois religions abrahamiques (judaïsme, christianisme, islam), qui stigmatisent les autres religions comme hérétiques ou idolâtres. Au fil du temps et des textes, le mot idolâtrie s’est d’ailleurs chargé d’une polysémie parallèle à celle du mot vérité : à l’origine adoration des dieux interdits, c'est-à-dire désobéissance à l’autorité sacrée, l’idolâtrie a revêtu le sens d’immoralité, d’abandon aux passions mondaines, puis d’une faute contre la raison : confusion de l’image et de ce qu’elle représente, du signifiant et du signifié, du créateur et de la créature, du fini et de l’infini, de l’absolu et du relatif (43). Une justification morale, puis rationnelle est ainsi venue habiller un interdit qui n’était à l’origine que religieux. « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » dira Molière. « L’Église persécute par amour » dira Saint Augustin.

Les conséquences de ces confusions furent dramatiques : dès lors qu’un dieu ou une religion est décrété immoral, « faux », « contraire à la vérité », son éradication devient légitime, sans restriction, et le passage de « l’interdit » au « faux » entraîne celui de l’ethnique à l’universel (44).

C’est parce qu’il qualifie les dieux des autres religions de « faux » que, dans une logique inversée, le christianisme se prétend la religion de la rationalité : « La victoire du Christianisme sur les religions païennes fut au fond rendue possible par sa prétention à l'intelligibilité [et à son] sérieux moral […] Il ne voulait pas être une religion parmi les autres, mais la victoire de l'intelligence sur le monde des religions », écrit ainsi Joseph Ratzinger (45).

5. Jésus, Pilate et la vérité

« Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix ». Pilate lui dit: « Qu'est-ce que la vérité? » Jean 18, 37-38.

« En rendant témoignage à la vérité, commente Ignace de La Potterie, Jésus témoigne pour la Révélation […] Or pour le Christ, révéler, c’est avant tout se révéler lui-même » (46) : on est bien dans l’autoréférence, la vérité d’autorité. Dans le « Qu'est-ce que la vérité? » de Pilate, la plupart des exégètes voient du scepticisme et du sarcasme ‒ « le sarcasme aristocratique d’un Romain » (47) , « la boutade la plus subtile de tous les temps » dira Nietzsche (48).

Pour le bibliste Jacques Cazeaux au contraire, le « Qu'est-ce que la vérité? » ne relève pas du sarcasme mais d’un « malentendu culturel ». Pilate, fort de son cursus de philosophie, a pensé en latin pour demander vérité au sens d’une connaissance qui se mesure aux concepts clairs engendrant des définitions justes. Jésus a pensé en hébreu, où le mot Vérité, èmet, amen [renvoie à] la fermeté absolue, le Roc, la solidité de l’Être, l’Exister absolu, le socle simple et immuable de tous les êtres, la présence ferme de Dieu en Lui et vers nous […] Pilate et Jésus avaient-ils des chances de se parler sans malentendu ? » (49). Si Pilate sortit du prétoire, c’était pour annoncer aux Hébreux qu’il le trouvait innocent : « Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher » (Jean 9, 11). Le philosophe Giorgio Agamben renchérit : « Ce ne sont sans doute pas ici la vérité et le scepticisme qui s’affrontent, ni la foi et l’incrédulité, mais deux conceptions différentes de la vérité » (50) .

La tradition chrétienne ne chercha pas à lever le malentendu, mais au contraire à dramatiser l’écart entre la parole d’un païen et celle du Christ. Ce faisant elle creusa le fossé entre le « vrai » et les « faux » dieux, entre les croyants et les idolâtres. « Et la crise de la justice et de la vérité reste ouverte jusqu’à la fin des temps », se lamente le philosophe professeur à l'Institut Catholique de Paris Olivier Boulnois (51). Osons une hypothèse sacrilège : si Jésus avait levé ou au moins atténué le malentendu, cela aurait peut-être évité par la suite bien des violences contre les réputés « idolâtres ».

Conclusion : mal nommer un objet…

Pour asseoir son concordisme entre Foi et Raison, Amour et Vérité, la tradition chrétienne ignora - ou dramatisa - la distinction entre les deux sens du mot alètheia . Ayant installé la notion de « faux dieux », elle appela à leur éradication ; promulgué par tous les Conciles du IVème jusqu’au XIXème siècle, le commandement d’« extirpation de l’idolâtrie » constitua la principale motivation et justification de la violence chrétienne (52).

Il ne s’agit bien entendu pas d’interdire à la tradition chrétienne de prétendre à la forme de vérité existentielle qui est la sienne, mais seulement de l’inviter à ne pas confondre ou à ne pas opposer axiologiquement les deux sens du mot vérité, « vérité d’autorité » (autoréférentielle), et « vérité par la raison » (qui s’interdit l’autoréférence), et de lui demander de reconnaître qu’elle ne parle que de la première.

A l’exception de ceux qui s’inscrivent dans la ligne de Rudolf Bultmann (53), nombre de théologiens chrétiens contemporains persistent en effet à revendiquer pour « la vérité de l’Évangile » (Gal 2. 5, 14 ; Col 1. 5) le statut de « vérité par la raison » (54).  « La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal », énonçait déjà La Rochefoucauld (55). « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde », et « La logique du révolté est [...] de s'efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel », compléta Camus (56).

 

Notes

1 En toute rigueur, la vérité est une qualité du discours : elle qualifie non des choses, mais des affirmations sur elles.

2 Emblématique de l’autoréférence, le paradoxe du menteur est connu depuis Eubulide de Milet (IVème siècle av. J.-C., adversaire d’Aristote). Son étude sera reprise par les stoïciens, et au Moyen Âge par Th. Bradwardine. Il illustre les contradictions auxquelles l’autoréférence est susceptible de mener. Il réapparaîtra en mathématiques modernes avec le paradoxe de la notion d’ensemble de tous les ensembles, notion bannie des mathématiques en raison des contradictions auxquelles elle conduit.

3 Claude Tresmontant, L'Histoire de l'Univers et le sens de la Création, éd. O.E.I.L., 1985 (réédition 2006).

4 Par exemple Jean-Marc Lévy-Leblond : « La quête de la Vérité n’a-t-elle pas été motrice des avancées de la science en milieu chrétien et plus largement monothéiste ? », in Participation de Jean-Marc Lévy-Leblond au débat sur la question des relations entre science et cultures intitulé « La science a-t-elle le même sens pour tous ? » organisé le 17 juin 2010 par Diasporiques/Cultures en mouvement.

5 Expression utilisée par Karl Popper et Thomas Burke.

6 Platon, Timée, 71b /72b.

7 Marcel Détienne, Les Maîtres de vérité en Grèce archaïque, François Maspero, 1967, p. 59.

8 D’après Gérard Leclerc, « Histoire de la vérité et généalogie de l'autorité », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 111, no. 2, 2001, pp. 205-231.

9 Emèt, èmounah et amen ont la même racine Nma, d’après Benjamin Davidson, « The analytical Hebrew and Chaldee Lexicon , ZondervanPublishingHouse, Grand Rapids, Michigan.

10 Le mot Emet, qui n’apparaît que 11 fois dans la Torah, y est en général traduit par fidélité (cf. em-Bible, disponible sur : https://emcitv.com/bible/strong-biblique-hebreu-emeth-571.html). C’est dans les Psaumes et les Prophètes, ces textes lyriques ou prophétiques, que le mot Emet apparaît le plus souvent (une centaine de fois) ; il y est traduit tantôt par fidélité, tantôt par vérité.

11 Jean-Pierre Vernant (id. note 32 p. 5) évoque dans le même ordre d’idée le Rta des Indo-Iraniens.

12 « Entre Epiménide et Parménide se loge […] la mise au point de la technique de la démonstration mathématique et la découverte de l’exigence de la non-contradiction sur le terrain de cette technique comme essentielle à la nature des mathématiques » in Maurice Caveing, « La laïcisation de la parole et l'exigence rationnelle » in Épistémologie et marxisme, Paris, coll. 10/18, 1972.

13 Maurice Sachot, Parménide d’Élée, fondateur de l’épistémologie et de la science Commentaire analytique et synthétique du Poème, Université de Strasbourg, https://univoak.eu, Strasbourg, 24 octobre 2016.

14 Marcel Détienne, Les Maîtres de vérité en Grèce archaïque, François Maspero, 1967, pp. 93-94.

15 Id. p.101.

16 Veritas est adæquatio intellectus et rei, dira Thomas d’Aquin (la vérité est l'adéquation de l'intellect aux choses), in Summa 16.1, empruntant lui-même cette formule au Livre des Définitions d’Isaac Israeli ben Salomon, dit Isaac Israeli l'Ancien ou Isaac le Juif, médecin et philosophe juif égyptien des IX et X ème siècles.

17 François Maspero, 1967, p. 147. Cf. aussi Maurice Caveing, « La laïcisation de la parole et l'exigence rationnelle » in Épistémologie et marxisme, Paris, coll. 10/18, 1972.

18 Marcel Détienne, Les Maîtres de vérité en Grèce archaïque, p. 81.

19 Jean-Pierre Vernant, Du mythe à la raison. La formation de la pensée positive dans la Grèce, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations Année 1957.

20 Gérard Leclerc : « La vérité n’est-elle pas un concept transhistorique, universel, désignant un rapport d’adéquation entre le discours et la réalité, entre les mots et les choses ? », in « Histoire de la vérité et généalogie de l'autorité ».

Cf. aussi Bernard Williams, Vérité et véracité [2002], Gallimard, 2006 ,

et Jean-Jacques Rosat, « Le concept de vérité : De quelques leçons que l’on peut tirer de la philosophie de Jacques Bouveresse (I) », Opuscules, février 2015.

21 Jean-Pierre Vernant d’après Dimitri El Murr, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, « Raison et politique : Jean-Pierre Vernant et la "polis" grecque (1) », Cahiers philosophiques, n°112, page 67 (12/2007.

22 Gérard Leclerc, « Histoire de la vérité et généalogie de l'autorité ».

23 Id.

24 Gérard Leclerc, Histoire de l'autorité, PUF, 1996.

25 Marcel Hénaff, « La Grèce avant la raison », Esprit, 11.2013. L’auteur renvoie à Jean-Pierre Vernant, Les Origines de la pensée grecque, Paris, Puf, 1962. et « Du mythe à la raison », dans Mythe et pensée chez les Grecs, vol. II, Paris, Maspero, 1971, p. 95-123.

26 Le mot hébreu sheqer, qui signifie faux, n’est pas utilisé pour qualifier les autres dieux.

27 Dans un Psaume (31.6) et dans Jérémie (10.10).

28 De même, elle traduit le mot hébreu désignant le dieu interdit par eidolon, mot grec qui signifie l’illusion, l’erreur.

29 Environ 500 fois tant pour les mots vérité, vrai, faux, mensonge que pour les mots amour, aimer, haïr.

30 « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jean 1, 1) : Verbe y traduit le mot grec Logos. Rappelons que le passage du mythos au logos caractérise le passage de la vérité de son sens ontologique à son sens logique.

31 L’un des buts poursuivis était polémique : pour battre les païens sur leur propre terrain, il fallait affirmer que le christianisme était la vraie philosophie. Cf. Sébastien Morlet, Christianisme et philosophie. Les premières confrontations (Ier-VIe siècle), Paris, Livre de poche, 2014, chapitre 3 : Le christianisme, « vraie philosophie ». Il ne s’agissait pourtant pas d’une tactique de pure opportunité, mais d’une conviction qui traverse tout le christianisme, de l’Evangile de Jean à l’Encyclique Fides et Ratio (1998).

32 Saint Bernard de Clairvaux, sermo 7, 12, SBO, t. 4, p. 421, l. 10-11 : « Haec vera philosophia… ». La thèse sera encore affirmée par la cardinal Joseph Ratzinger dans son texte « Vérité du Christianisme ? » (1999), et par Mgr Claude Dagens dans sa Conférence « La dynamique de la transmission » donnée le 11 janvier 2008.

33« Vérité du Christianisme ? » conférence prononcée par le Cardinal Joseph Ratzinger, le samedi 27 novembre 1999 à la Sorbonne.

34 René Marlé : « Si la fonction ‘évocatrice’ de la parole avait été surtout retenue par la pensée grecque, la fonction ‘créatrice’ domine au contraire la conception judaïque », Etudes 1959, 04-06, « Les chrétiens et la parole de Dieu ».

35 « Ta parole est la vérité » Jean 17, 17 (Jésus s’adressant à Dieu). - « Il parlait avec autorité » Marc 1, 21-28, Matthieu 7, 29, Luc 4, 32. - Tertullien : « Les païens (ethnici), parmi lesquels il n’y a aucune plénitude de vérité (veritatis plenitudo), car ils n’ont pas Dieu, maître de vérité (doctor veritatis deus), interprètent le mal et le bien suivant leur jugement et leur plaisir (pro arbitrio et libidine) : ici c’est bien ce qui là est mal, et ici c’est mal ce qui là est bien », in De spectaculis XXI 1.

36 « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. Pilate lui dit : Qu'est-ce que la vérité? »

37 Jacques Cazeaux, « Pilate et sa vérité : le malentendu des cultures », Conférence de Carême à Notre Dame de Paris le 14 avril 2018. [Jacques Cazeaux, bibliste, helléniste français, spécialiste de Philon d’Alexandrie, chercheur à la Maison de l’Orient méditerranéen (MOM, Lyon, CNRS)]

38 Claude Tresmontant, L'Histoire de l'Univers et le sens de la Création, éd. O.E.I.L., 1985 (réédition 2006).

39 Jean-Paul II, Encyclique Veritatis Splendor, 1993 : « La vérité est celle enseignée par Dieu à travers ses prophètes, le Christ et les Apôtres et la Tradition de l'Église, […] cette vérité qui aide à répondre aux questions existentielles [et] qui éclaire tout homme et sanctionne ses actions ». Le mot vérité y figure 200 fois, mais aucune référence n’est faite ni à alètheia ni au tournant grec du sens du mot.

40 Cf. par exemple Elena Di Pede, Université catholique de Louvain : « Le sens courant en français semble limiter pour l'essentiel la vérité à ce qui est en conformité avec la réalité La racine hébraïque 'emet a une signification nettement plus ample, qui rejoint peut-être notre conception de la vérité, mais d'une manière détournée, puisque l'idée première exprimée par les mots dérivés de cette racine est celle de la solidité, donc de la fiabilité […] Est vrai ce qui est stable et sûr […] La Bible ne se situe pas sur ce plan de la vérité qui préoccupe les modernes. […] N’est-ce pas plutôt la question du sens, […d’] une vérité pour vivre et mourir ? », in « De quelle vérité le Premier Testament parle-t-il ? », in Bernard Van Meenen, La vérité, Publications Fac St Louis, 2005.

41 Ainsi, les Evangiles recourent aux deux types de vérité : à la « vérité d’autorité »dans les énoncés théologiques, comme « Je suis le chemin, la vérité et la vie », à la vérité rationnelle dans les versets purement narratifs, comme : « En vérité, celui-ci [Pierre] aussi était avec lui [Jésus], car il est également galiléen » (Lc 22.59). Suivant les cas, l’autoréférence est revendiquée, comme dans Jean 8, 14, ou exclue, comme dans Nombres 35, 30.

42 La laïcité n’est pas une invention du christianisme, ce dernier l’avait bien au contraire mise en hibernation pendant près de deux millénaires ‒ mise en hibernation qui frappa également la science. La science se réveilla au XIIIème siècle, mais la laïcisation, au sens du détachement de la vérité par rapport au sacré, dut attendre Spinoza, au XVIIème siècle (1632-1677).

43 Cf. JP Castel, A l'origine de la violence monothéiste, le dieu jaloux, L'introduction du vrai et du faux dans le domaine des dieux, L’Harmattan, 2017, § L'idolâtrie, un concept mystificateur, p. 112.

44 Joseph Ratzinger : « Dans le Christianisme, la rationalité est devenue religion et non plus son adversaire. Etant donné cela, étant donné que le Christianisme s'est compris comme la victoire de la démythologisation, la victoire de la connaissance et avec elle de la vérité, il devait nécessairement se considérer comme universel et être amené à tous les peuples : non pas comme une religion spécifique qui en réprime d'autres, non pas par une sorte d'impérialisme religieux, mais plutôt comme la vérité qui rend superflue l'apparence », in Vérité du christianisme, 1999, op. cit.

45 Joseph Ratzinger, Vérité du christianisme, 1999, op. cit. Cf. aussi Joseph Ratzinger, Pope Benedict XVI, The Ratzinger Reader: Mapping a Theological Journey, A&C Black, 8 juil. 2010, p. 39-40.

46 Ignace de La Potterie, La vérité dans Saint-Jean, I, p. 104-105. [Ignace de La Potterie (1914-2003) : jésuite et biliste de renom, spécialiste de l’exégèse johannique].

47 Nietzsche, L’Antéchrist, 1896, §. 46

48 Nietzsche, Die Fragmente von Frühjahr-Herbst 1884, Kritische Gesamtausgabe VII, 2 : Frühjahr 1884, 25 [338], éd. G. Colli, M. Montinari, Berlin, New York, 1974, p. 96.

49 Id. note 37.

50 G. Agamben, Pilate et Jésus, Rivages, 2014.

51 Olivier Boulnois, « Parole et vérité », Conférence de carême à Notre-Dame de Paris du 19 mars 2017. « La justice » se réfère bien entendu à la condamnation de Jésus, mais « la vérité » ?

52 Cf. par exemple Jean-Pierre Castel, A l'origine de la violence monothéiste, le dieu jaloux, L'introduction du vrai et du faux dans le domaine des dieux, L’Harmattan, 2017

53 En 1933 le théologien Rudolf Bultmann s’était fait l’avocat d’une nécessaire distinction entre la conception hébraïque de la vérité, « existentialiste et personnaliste », et la grecque, métaphysique, abstraite, « objectivante ».

54 Par exemple le philosophe Philippe Büttgen, in « Une autre forme de procès. La vérité et le droit dans l’exégèse du Nouveau Testament », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 3 | 2015, et Joseph Ratzinger, in J. Ratzinger, trans. Adrian Walker, The Nature and Mission of Theology: Approaches to Understanding Its Role in the light of Present Controversy, (San Francisco: Ignatius Press, 1995), pp.24-25.

55 La Rochefoucauld, Réflexions ou Sentences et Maximes morales, 1664.

56 Albert Camus, Poésie 44, Sur une philosophie de l'expression, 1944, en hommage à son ami Brice Parain, et L’homme révolté, 1951.

 

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