Revue philosophique

Au plus simple, par religion on désigne les diverses activités humaines consistant à se mettre en relation avec une ou des divinités, à caractère métaphysique, au travers d'un ensemble de rites ou de pratiques dites « religieuses ». Fondamentalement, la religion est la projection d'aspirations humaines (protection, immortalité, communion) dans un monde transcendant supposé réel ce qui est contradictoire.

Les religions comportent toutes de grands récits sur l’Homme et le Monde, édifiés sur le mode du mythe, c’est-à-dire dont le contenu est gouverné par l’imaginaire et par des structures narratives. Toutes les religions ont pour ambition d’apporter des explications sur la place de l’homme dans le monde, de donner de l'espoir et d’apporter une consolation par rapport à la mort.

Les religions légifèrent sur la société, sur les mœurs et les modes de vie. À ce titre, ce sont aussi des idéologies. Elles sont prosélytes, elles veulent prescrire des conduites et endoctriner les foules (les convertir) par la persuasion ou par la force. Elles ont inventé le sacré comme ensemble de valeurs primordiales qui doivent être respectées. Objets, personnes, lieux de cultes religieux sont déclarés sacrés.

La plupart des religions prétendent à la vérité absolue. Il s’agit d’une vérité d’autorité, d’une aletheia qui n'est pas la vérité au sens démonstratif. Les religions ont une dimension métaphysique qui n'est pas du domaine du vérifiable, ni par démonstration, ni empiriquement. L’adhésion à la métaphysique est du domaine de la foi ou de la croyance. Les côtés prescriptifs ne peuvent non plus être vrais ou faux, puisqu’il s’agit de choix normatifs : on peut seulement y adhérer ou pas.

La religion a toujours, en plus de son aspect mystique, une fonction idéologique à caractère normatif et politique. La séparation de l’église et de l’État a été un acquis difficilement obtenu en France, mais pas dans la plupart des pays. La loi de séparation adoptée en France le 9 décembre 1905 résulte d'un affrontement violent qui a opposé deux conceptions opposées sur le lien entre religion et politique, soit, à ce moment de l'histoire, sur la place des Églises par rapport à l'État.

La religion comporte trois dangers : - Elle est en permanence instrumentalisée et utilisée comme idéologie à des fins politiques. - Elle est dangereuse pour la vérité d'adéquation et la liberté de l’homme. Elle fait miroiter des fictions merveilleuses au détriment d'une action efficace et éthique.

On assiste au XXIe siècle à un retour du religieux.