Revue philosophique

La dualité nature/culture est présente dans la plupart des civilisations et sert à situer la place des Hommes de la société par rapport à l'environnement terrestre. L'opposition entre Nature et Culture est aussi une thèse ontologique qui distingue deux formes de réalités, l’une non humaine spontanée et autonome (la nature), l’autre humaine, sociale, intellectuelle, technologique (la culture).

Les conceptions sur le rapport des deux ont énormément varié au cours de l'histoire et selon la civilisation concernée, allant de l’inclusion à la différenciation douce et continue, jusqu’à l’opposition radicale. La thèse dite « naturaliste » inclut l’Homme et la société dans la Nature et la thèse « culturaliste » les distingue et les déclare différents. Le naturalisme est aujourd’hui très influent en philosophie.

Le problème nature-culture inclut généralement un troisième terme, celui du surnaturel, des forces occultes, des dieux et Génies du polythéisme, ou du Dieu unique des monothéistes, ce qui en fait un problème métaphysique. Il y aurait trois formes d'existence dans le monde : naturelle, surnaturelle, et enfin humaine et culturelle.

Les relations supposées entre ces trois formes ont changé au fil de l'évolution des civilisations : le surnaturel ou les dieux peuvent être présents dans la Nature (magie animisme) ou à côté dans la sphère de la transcendance (avec les religions monothéistes). Le sociologue Max Weber présente la séparation de la Nature et de la magie (ou du surnaturel) comme un processus historique de « sécularisation », provoquant un « désenchantement ». Le développement de la connaissance scientifique va de pair avec un Univers neutre et exempt de miracles et de forces occultes.

La relation supposée entre l’Homme et la Nature est source de problèmes philosophiques. La critique de l’idée de Nature a été faite au XIXe siècle par John-Stuart Mill. Soit la nature inclut les humains et leurs activités, soit la nature est à part et ils en sont exclus. Dans le premier cas, les hommes vivent spontanément de façon naturelle et la distinction des deux est sans objet et, dans le second cas, il est impossible pour les humains de vouloir suivre un ordre naturel, dont ils sont par définition exclus.

D'un point de vue ontologique, à l'idée d'une Nature comme globalité, on peut préférer celles de Monde et d'Univers, ce qui permet de distinguer des formes d'existence diversifiées (physique, chimique, biochimique, biologique, cognitivo-représentationnelle et sociale) et de concevoir comment ces formes interagissent entre elles.

L’Homme entre en relation avec ce qui l’entoure (la biosphère, l'atmosphère, l'hydrosphère, la géosphère), c'est-à-dire son environnement terrestre. Mais cela ne va pas sans l’intermédiaire obligé de la société qui constitue, pour lui, un autre type d’environnement. La société techno-industrielle constitue une intermédiation avec l'environnement terrestre qu'elle modifie. Son but premier était de pourvoir aux besoins humains, mais les développements industriels vont bien au-delà. Devenues immenses les sociétés humaines se sont massivement industrialisées. Plutôt que d'opposer nature et culture, il vaut mieux considérer l'impact des sociétés industrialisées sur l'environnent terrestre.