Revue philosophique

Le terme de psychose a grandement évolué et changé plusieurs fois de sens du milieu du XIXe siècle à nos jours. On en attribue la paternité à Ernst Feuchsterleben qui l'a utilisé vers 1845 pour qualifier les maladies mentales inconstantes et sans lésion décelable par opposition à névroses, maladies avec atteinte nerveuse. Au XXe siècle, le terme a pris une acception vaste et floue centrée sur la gravité qui impliquait une désadaptation importante, un aspect délirant, une méconnaissance de son état, des expériences hallucinatoires, des idées délirantes, une distorsion de la pensée. La notion était donc devenue une catégorie clinique qualifiant un état préoccupant qui pouvait être aigu, chronique ou périodique.

Le courant de psychopathologie dynamique (psychanalytique) a remis en avant l'opposition névrose-psychose, la référant aux deux structurations possibles du psychisme. « Dans la structure psychotique, un déni porte sur toute une partie de la réalité, c'est la libido narcissique qui domine, le processus primaire qui l'emporte avec son caractère impératif, immédiat, automatique ; l'objet est fortement désinvesti et il apparaît, selon les formes cliniques, tout un éventail de défenses archaïques coûteuses pour le Moi » (Bergeret J., Psychologie pathologique, p. 135.).

Cette approche est intéressante, mais insuffisante et contribue à une confusion en traçant les figures par trop englobantes « du psychotique » ou de « la psychose ». Par exemple, P. Dubor nous parle « du psychotique » en général qui aurait telle ou telle caractéristique (Dubor P., Psychologie pathologique, p. 167-185.). Il inclut le paranoïaque, le schizophrène, l'autisme, qui sont très différents et ne peuvent pas être légitimement logés dans le même et unique cadre de « la psychose ».

Le qualificatif « psychotique » s'applique tantôt aux personnalités présentant des distorsions des fonctions psychiques ayant trait à la réalité et à la relation aux autres, présentant un fonctionnement psychique archaïque, tantôt aux maladies telles que la schizophrénie ou les troubles bipolaires, les états confusionnels, les autismes. Le terme de psychose est donc ambigu et dépend du contexte théorique dans lequel il est employé. Toutefois, si on admet d'un point de vue psychopathologique qu'il existe plusieurs types de personnalité, les qualificatifs de névrotique, psychotique et intermédiaire, permettent de les distinguer (voir : Les formes de la personnalité en psychopathologie).