Revue philosophique

Au sens ordinaire du terme, une attitude est dite réaliste si elle tient compte de la réalité ; un propos est réaliste s'il est bien adapté (adéquate) à la réalité. Dans un sens ontologique, le terme réalisme implique une existence assurée du Monde, indépendamment de la pensée et de l'expérience humaine. Passé ce premier temps plus attitudes sont possibles.

L’affirmation d'existence peut porter sur les phénomènes (les faits). C’est l’attitude des empiristes qui considèrent que la réalité factuelle existe de manière autonome. Nous le qualifierons de réalisme empirique. Il dérive du réalisme spontané qui, dans la vie courante, fait considérer que les choses qui nous entourent existent.

Il existe depuis l'Antiquité un doute sur l'accès empirique à la réalité, fasse accéder à ce qui est. L’affirmation réaliste dans ce cas porte sur ce qui sous-tend les choses les évènements et les faits, c'est-à-dire le réel. Ce réalisme ontologique admet une existence indépendante du réel en tant qu'il est distinct de la réalité factuelle.

L'interrogation sur la relation entre les phénomènes et le réel indépendant est ancienne. Les phénomènes, manifestations sensibles qui nous sont directement accessibles, sont-ils des portes vers un réel « en soi », existant indépendamment de notre perception ? Emmanuel Kant, distinguent nettement le phénomène (ce qui apparaît à la conscience) du noumène (le réel en soi, indépendant de notre perception). Il soutient que notre accès au réel est toujours médiatisé par le cadre conceptuel et les sens. Pour Kant, les phénomènes sont structurés par les catégories a priori de l'entendement, et bien que nous puissions connaître les phénomènes, le noumène reste inaccessible.

Cependant les hypothèses sur le réel n'ont pas manqué. Si ce réel est considéré comme une substance, plusieurs possibilités s’offrent selon que la substance considérée est de nature matérielle ou spirituelle. Dans le premier cas, le réalisme donne la doctrine matérialiste. Dans le second cas, on parle d'idéalisme dont le modèle-type est l'idéalisme platonicien (voir la définition de l'idéalisme réaliste).

Si l’assertion réaliste peut porter sur les lois scientifiques, dans ce cas, les lois sont considérées comme ayant une existence indépendante de la science et du savant. Une variante de cette thèse est constituée par le causalisme qui considère qu’il y a une structure causale du monde.

Lorsque l'on admet la distinction entre réel et réalité, une position nuancée peut être adoptée. Dans ce cas, on considère que les faits existent en interaction avec nous, humains (interaction que l'on nomme l'expérience). Les sciences construisent des faits par l'observation et l'expérimentation, ils sont relatifs à l'expérience qui les fait naître. On doit donc adopter à leur égard un réalisme relatif, mais  qui n'exclut pas l'objectivité. Le savoir scientifique augmente progressivement en qualité et en quantité, mais se heurte à une résistance que l'on peut attribuer au réel indépendant.

L'affirmation de l’existence du Monde indépendamment de l’homme constitue le cœur du réalisme ontologique. 

Signalons pour finir la doctrine « réiste », qui est une forme radicale et extensive du réalisme. Elle est bâtie sur le postulat  qu'il n’existe rien qui ne soit réel, mais que seules les choses (res) existeraient et que rien n’existerait qui ne soit une chose.

 

Voir la définition du réel et la définition de la réalité