Revue philosophique

Caractériser, c’est trouver des traits distinctifs. Nous nous intéresserons ici uniquement à la notion de caractère lorsqu’elle concerne l’homme. Dans ce cas, elle signifie l’ensemble des traits qui spécifient un individu ou un groupe d’individus. L’approche caractérologique cherche à distinguer divers types humains en saisissant, de manière empirique, certains aspects jugé « caractéristiques ».

L’effort de caractérisation concerne le domaine biologique, ou psychologique, ou cognitif, ou socioculturel, pris séparément ou selon des tentatives de synthèse. L’approche peut être objectivante par des expériences ou des tests standardisés aboutissant à des mesures, ou subjective-phénoménologique, ou faite par la méthode clinique, selon le domaine considéré.

La formation des types caractériels se fonde sur les régularités d’association de traits réputés stables. Elle se fait de deux manières : soit sous forme de tableaux types jugés parfaitement caractéristiques, soit en se fondant sur des régularités statistiquement significatives.

Bien qu’ayant une validité empirique et un intérêt pratique, toute typologie a des limites. Les résultats sont relatifs aux traits considérés (et à ceux exclus), à la façon empirique de les évaluer et à la manière de les regrouper. Les résultats dépendent donc des présupposés anthropologiques et épistémologiques qui ont servi à élaborer la méthode de caractérisation.

Quel que soit le domaine considéré (biologique, psychologique et cognitif, ou social) un certain nombre d’individus échappent aux classements dans lesquels on voudrait les faire entrer. Sans l’invalider, ceci peut être considéré comme une limite de la méthode typologique ou caractérologique.

Les caractérologies ont tendance à privilégier un domaine particulier de la personnalité humaine, avec la volonté de donner la partie (le caractère décrit) pour le tout de la personne. C'est une attitude réductrice et à ce titre critiquable, car la personnalité ne se réduit pas au caractère de l’individu et encore moins à un domaine particulier (aussi important soit-il). La personnalité ne doit ni être parcellisée, ni détachée du contexte, ni rendue étrangère à l’éthique, sauf à perdre sa pertinence. Contrairement au caractère, la personnalité humaine n’est pas un donné empirique. C'est une construction théorique complexe, et sa traduction factuelle, très vaste et diversifiée, dépasse les typologies empiriques quelles qu’elles soient.

Du point de vue psychopathologique, on estime que le psychisme constitue une partie importante de la personnalité et que le caractère de la personne est l’une de ses expressions (à côté des comportements simples, des conduites finalisées et des symptômes). Par exemple, on décrit divers types de caractère, tels que le caractère anxiophobique, ou le caractère paranoïaque, considérés comme des manifestations cliniques des structures psychiques du même nom.