Écrit par : Patrick Juignet
Catégorie : Ontologie, réel, réalité

Matière et matérialisme

 

La matière est une notion dont la signification oscille du concret à l'abstrait, selon qu'elle désigne les matériaux qui composent les choses, ou bien la substance qui constituerait le Monde. Le premier aspect est empirique et le second renvoie à un point de vue métaphysique ou ontologique. Le matérialisme reprend ces acceptions, mais s'étend aussi vers une vision concrète et pragmatique de la société.

Matter is a notion whose meaning oscillates from the concrete to the abstract, depending on whether it designates the materials that make up things, or the substance that would constitute the World. The first aspect is empirical and the second refers to a metaphysical or ontological point of view. Materialism takes up these meanings, but also extends towards a concrete and pragmatic vision of society.

 

Pour citer cet article :

Juignet, Patrick. Matière et matérialisme. Philosophie, science et société. 2017. https:/philosciences.com/idee-de-matiere.

 

Plan de l'article :



 

Texte intégral :

1. La matière, du concret à la substance

Si, laissant de côté le matérialisme antique, on prend pour point de départ René Descartes, la notion de matière prend une double signification : c’est une catégorie pratique désignant ce qui constitue les choses, mais c’est aussi une notion métaphysique, nommant une substance. La double signification du terme apparaît dans les Méditations métaphysiques :

« Lorsque je pense que la pierre est une substance, ou bien une chose qui de soi est capable d'exister, puis que je suis une substance, quoique je conçoive bien que je suis une chose qui pense et non étendue, et que la pierre au contraire est une chose étendue et qui ne pense point, et qu’ainsi entre ces deux conceptions il se rencontre une notable différence, toutefois elles semblent convenir en ce qu'elles représentent des substances » (Descartes R., Méditations métaphysiques, Méditation troisième, Œuvres et Lettres, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1953, p. 293).

La pierre, objet concret, chose tangible, serait aussi une substance (qui existe d’elle-même) dont le caractère est l’étendue conçue de manière très abstraite (mécaniste).

« Car j’avoue franchement ici, écrit Descartes, que je ne connais point d’autre matière des choses corporelles, que celle qui peut être divisée, figurée et mue en toutes sortes de façons, c’est-à-dire celle que les Géomètres nomment la quantité, et qu’ils prennent pour l’objet de leurs démonstrations ; et que je ne considère, en cette matière, que ses divisions, ses figures et ses mouvements (...) » (Descartes R., Principes de la Philosophie, II, art. 4, Œuvres et Lettres, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1953, p. 612).

La conception est d’une séduisante simplicité ! Cette double signification est retrouvée chez la plupart des auteurs contemporains de Descartes et le sera ultérieurement. La notion de substance matérielle cumule deux significations distinctes, celle de manifestation concrète de la réalité et celle d'une existence abstraite de portions d'étendue quantifiables. Mais l'idée de substance pose par elle-même de nombreux problèmes (voir l'article : L'idée de substance). 

La notion de matière, en mouvement ou au repos, a été reprise par Newton et rapportée à des particules indivisibles :

« Dieu forma au commencement la matière de particules solides, pesantes, dures, impénétrables, mobiles  [....] Pour que l'ordre des choses puisse être constant, l'altération des corps ne dont consister qu'en séparation, nouvelles combinaisons, et mouvement de ces particules » ( L'Optique, livre 3 question 31).

Les corps sont composés de particules matérielle qui leur donne une masse causant des forces d'attraction proportionnelles à cette masse. Là aussi, la conception est d’une simplicité séduisante ! Si on ajoute les formules d’un calcul mathématique qui permet de calculer les forces, on comprend que les contemporains aient pu être éblouis ! Pour Newton la substance matérielle est situé dans l'espace et dans le temps qui en sont indépendants.

Avec Gottfried Leibniz l'espace et le temps sont coextensifs de la matière. L'espace en est l'ordre instantané et le temps l'ordre de succession. Le concept de force devient central. Les monades sont des particules, mais avant tout des points de force (Monadologie, § ,55 59) mais sa position n'est pas très explicite.  Pour Baruch de Spinoza la matière est identique à l'espace (Éthique, scolie de la proposition 15).  

Pour approcher l’idée de matière, on doit aussi se référer à John Locke pour qui, toute chose se caractériserait par des qualités premières (étendue, mouvement, nombre, etc.), qui ont leur fondement dans la matière. Elles ont aussi des qualités secondes (solidité, couleurs, sons, saveurs, etc.), qui naissent dans l'esprit. La notion de matière est définie par Locke comme une « substance corporelle » ne relevant que des qualités premières.

La conception appelée mécaniste marche admirablement, pourvu qu’on se limite au domaine des choses et à l’astronomie. La jonction entre chose concrète et substance est parfaite, puisque la masse les réunit et qu’on comprend intuitivement qu’une pierre est constituée d’une substance perdurante étendue, pourvue d’une masse, ce qui fait qu’elle tombe (sous l'effet de l'attraction terrestre). Mais, cette simplification présente des inconvénients lorsqu’on s’adresse au vivant et provoque la dualité dont nous avons parlé plus haut, car l’esprit reste en marge, hors nature matérielle, et la vie est difficilement réductible à des interactions mécaniques. Devant ces difficultés, des solutions ont été proposées.

La première solution est de pourvoir la matière de plus de qualités. Diderot lui reconnaît deux qualités, le mouvement et la sensibilité. Dans la matière inerte, la sensibilité est inactive, mais elle devient active dans le vivant. La sensibilité permet de concevoir une continuité de l’inerte au vivant jusqu’à la pensée. Ceci a l'avantage d'amener l'idée d'une autonomie possible pour le vivant jusque dans la possibilité d’une pensée pour l’homme. Si la matière est sensible, l'homme peut avoir une capacité à ressentir et de penser indépendante de toute intervention extérieure, ce qui évite « de se précipiter dans un abîme de mystère, de contradictions et d’absurdités » (Diderot E., Principes philosophiques sur la matière et le mouvement, Œuvres philosophiques, Paris, Garnier, 1964).

Denis Diderot proteste contre la réduction du monde à la physique newtonienne, car elle provoque un dilemme. Il faut que la nature soit décrite de façon à rendre compte sans absurdité de l’existence de l’homme. Si on la décrit en termes mécanistes, il faudra inventer une âme ou un esprit, car l’explication mécanique est insuffisante pour expliquer la pensée. Diderot utilise les sciences de son temps, et son matérialisme s’en trouve foncièrement modifié. L’anthropologie de Diderot mobilise la médecine et les sciences du vivant contre le dualisme, et il conteste la simplification mécaniste du matérialisme. Pour Diderot, « une nature automate aura pour corrélat l’automate doué d’âme » (Ibid.). Son raisonnement reste valable deux siècles et demi plus tard.

Dans le Dictionnaire philosophique, Voltaire propose un débat sur la matière entre deux personnages, l’« énergumène » et le « philosophe ».

(L’énergumène) - Qu’est ce que la matière ? (Le philosophe) - Je n’en sais pas grand-chose. Je la crois étendue, solide, résistante, gravitante, divisible, mobile ; Dieu peut lui avoir donné mille autres qualités que j’ignore. À la section suivante, on trouve cet ajout prudent : « Les sages à qui l’on demande ce que c’est que l’âme, répondent qu’ils n’en savent rien. Si on leur demande ce que c’est que la matière, ils font la même réponse » (Voltaire, Dictionnaire philosophique, Article "Matière", section I et II).

Pour La Mettrie, la matière a trois propriétés essentielles : l’étendue, la force motrice et la faculté de sentir. La faculté sensitive est à l’origine des facultés intellectuelles chez l’homme comme chez les animaux. Cabanis affirme dans Les rapports du physique et du moral (en 1795) que le moral n’est que le physique envisagé d’un certain point de vue, le cerveau produisant la pensée comme le foie produit la bile. Ces idées de « production » et de fonction sont loin d’être triviales, mais, faute d’élaboration, elles prennent une tournure simpliste. S’il y a une homogénéité du foie et de la bile, elle n’est pas évidente entre le cerveau et la pensée. L’analogie sécrétoire sera reprise par Carl Vogt (1845) et elle est nuancée par Jakob Moleschott (1852), tous deux médecins. Elle est dénoncée par Bernard Conta en 1877 « l’âme n’est pas une sécrétion, mais bien une fonction » (Conta B., Théorie du fatalisme, Bruxelles, 1877 : cité par Charbonat P., Histoire des philosophies matérialistes, Paris, Kimé, 2013, p. 481).

Dans le courant vitaliste, qui va de Stahl en passant par Bordeu et Barthez (école de Montpellier), jusqu’à Bichat et même dans le courant matérialiste avec Haller, Boerhaave, Maupertuis, d’Olbach et La Mettrie, on trouve une opposition au réductionnisme mécanique. Contrairement aux apparences, cette opposition existe même chez La Mettrie, explicitement matérialiste, car son « homme-machine » est sensible et organisé (La Mettrie, L’homme machine, Paris, Denoël, 1981, p.189, 192-193.). Dans ce cas, la référence à la matière n’est pas simplificatrice-réductionniste. Julien Offray de La Mettrie apporte une avancée qui va à l'encontre du réductionnisme en contribuant à l’idée d’organisation. Tous ces auteurs peuvent être qualifiés de matérialistes, mais c'est un matérialisme non réducteur qui cherche à échapper à la simplification mécanique de l'Univers et de l'homme.

Au XIXe siècle, est apparue la volonté de lier matière et société et de ranger l’économie politique sous la bannière du matérialisme. Pour être précis, il faut bien noter que ce qui est pris en considération par Karl Marx, ce sont les conditions concrètes des individus dans la société : leurs conditions de vie, leurs revenus, leurs rôles dans la production, leurs places dans la hiérarchie sociale, leurs intérêts socio-politiques. Le terme matière est utilisé au sens des biens concrets et utiles et en considérant leur répartition, l’ordre social et les enjeux politiques de cette dernière. On retrouve l’usage concret du terme quoiqu’il s’étende vers la sphère sociale.

En accord avec l'économie classique, Marx considère que l'économie est une sphère naturelle qui a existé de tout temps à tous les niveaux de développement. Or, la Nature en tant qu'entité métaphysique est le développement selon des lois de la substance étendue, c’est-à-dire la matière. Le lien entre l'économie et la substance est donc possible, mais pour le moins artificiel et rhétorique. Entre un bien manufacturé et la substance étendue, il y a l'énorme distance séparant des considérations sociales et techniques de la métaphysique spéculative sur la constitution du Monde. 

L’hypothèse communément retenue, c’est que cette appellation de matérialiste vient directement de l’opposition à l’idéalisme et du renversement de la thèse idéaliste hégélienne. « La conception hégélienne de l’histoire suppose un Esprit abstrait ou absolu, qui se développe de telle façon que l’humanité n’est qu’une Masse lui servant de support plus ou moins conscient. Dans le cadre de l’histoire empirique, exotérique, Hegel fait donc se dérouler une histoire spéculative, ésotérique. L’histoire de l’humanité se métamorphose en histoire de l’Esprit abstrait de l’humanité, d’un Esprit par conséquent transcendant à l’homme réel » (Marx K., Engels F., La Sainte Famille, Paris, Éd. Sociales, 1972, p.107.).

À cette réalisation de l'Esprit, Karl Marx oppose les intérêts réels, les intérêts politiques effectifs des groupes sociaux (Marx K., L’idéologie allemande, Paris, Éditions sociales, 1976, p. 40) en rapport avec ce qu'il nomme « les forces productives matérielles ». Dans ce cas, ce qui est appelé « matériel », ce sont les biens produits par l'économie. Chez Karl Marx, les termes de matière et de matérialisme ramènent vers le pratique et le concret, la gestion sociale des biens dits matériels : matières premières, choses manufacturées, services concrets. On est, dans ce cas, assez loin d'une métaphysique de la substance. Dans le livre Ludwig Feuerbach, Friedrich Engels définit le matérialisme comme une conception immanentiste du Monde, hors de tout appel à la transcendance et en particulier en ce qui concerne son origine. Avec Marx et Engels  le matérialisme n'est pas une thèse métaphysique sur la constitution du Monde, mais une manière pratique et rationnelle de l'aborder. On voit là toute l'ambiguïté et la polysémie du terme.

2. La composition de la matière

2.1 La science moderne

Avec la recherche scientifique, la question de la matière change à la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle. On part toujours du concret, mais la spéculation abstraite sur la nature supposé du substratum matériel, se transforme en une réflexion sur la composition de la matière. Des idées nouvelles apparaissent sur la constitution de la matière envisagée selon une approche scientifique. Nous entrons dans l'ère de l'ontologie si on différencie l'ontologie (appuyée sur les sciences empiriques) de la métaphysique purement spéculative et se référant à Dieu. 

Lavoisier, à la fin du XVIIIe siècle, énonce son principe : « dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération » (1775). En 1789, Lavoisier a publié son Traité élémentaire de chimie. Il y expose la chimie sous un angle géométrique et les composés chimiques comme la combinaison d’éléments. Il dresse une liste de trente-trois éléments ou « corps simples ». Lavoisier conçoit tous les produits chimiques, c’est-à-dire la matière comme autant de combinaisons de ces éléments.

Tout d’abord, il laisse délibérément de côté la question philosophique de la constitution ultime de la matière. Le changement d’attitude est explicite et assumé : « Si par le nom d'éléments, nous entendons désigner les molécules simples et indivisibles qui composent les corps, il est probable que nous ne les connaissons pas ». Cette question est, pour Lavoisier, une question purement métaphysique. Il propose donc comme alternative de considérer comme « éléments » ou « principes » des corps, « les substances que nous n'avons encore pu décomposer par aucun moyen ». Une interprétation atomiste sera proposée par Dalton. Pour ce chercheur, les atomes composent les éléments et il cherche à en évaluer la masse. Jean Perrin, en 1906, mettra en évidence expérimentalement les atomes pressentis par Dalton. En 1869, Mendeleïev, dans l’article « Les dépendances entre les masses atomiques des éléments » avait déjà pris en compte simultanément la masse atomique, la valence et les propriétés chimiques. La matière se complique !

Vers la fin du XIXe siècle, l’énergie va sérieusement concurrencer la matière comme constituant fondamental de la nature. Carnot, en 1824, étudie les échanges thermiques. Ses travaux, repris par Émile Clapeyron, aboutiront à l’idée d’une dissipation irréversible de l’énergie potentielle. Vers 1841, Julius von Mayer propose l’idée que l’énergie ne peut être ni créée, ni détruite, ce qui donnera le premier principe de la thermodynamique, reformulé ensuite par Hermann von Helmholtz. Julius von Mayer établira également l’équivalence entre travail et chaleur, ce qui fut aussi montré par James Joules deux ans plus tard. Cet ensemble de travaux concordants mènent vers le concept d’énergie.

En 1895, le chimiste allemand Wilhelm Ostwald publie un article La déroute de l’atomisme contemporain. Il affirme que « la matière est une invention [...] que nous nous sommes forgé pour représenter ce qu’il y a de permanent ». Mais, « la réalité effective […] c’est l’énergie […] c’est l’énergie qui gouverne toutes les formes physiques » (Ostwald W., « La déroute de l’atomisme contemporain », Revue générale des sciences pures et appliquées, n°21, 1895, pp. 953-958). La thèse s’étend bien au-delà de la physique, puisqu’il évoque une énergie psychique. Le propos d’Ostwald est ontologique, il s’agit de détrôner la matière comme composant fondamental du monde. L’énergétisme eut un grand succès à la fin du XIXe siècle.

Le savoir issu de la physique atomique et de la cosmologique combinées entre elles a provoqué une évolution et un approfondissement du débat. Au début du XXe siècle, les atomes, « en tant qu’ils constituent l’étant inaltérable proprement dit, se meuvent dans l’espace et dans le temps et provoquent par leur disposition et leurs mouvements réciproques les phénomènes variés de notre univers sensible » (Heisenberg W., La nature dans la physique contemporaine, Paris, Gallimard, 1962, p. 15). Tous les objets concrets sont faits des mêmes particules, ce qui donne une unité du concret. Du coup, le terme générique de matière pour désigner le concret semble justifié.

2.2 Physique atomique relativité mécanique quantique

Si tout est constitué d'atomes, le terme générique de matière pour désigner le concret semble justifié. Mais, la notion d’atome s'est complexifiée et l'évidence d'une unité de la matière disparait. La physique, depuis Bohr et Rutherford (1911), nous montre des atomes composés d’un noyau et d’électrons. Il est ensuite apparu que le noyau était lui-même composé de particules dites subatomiques, les nucléons. Vers 1935, on découvre deux catégories de nucléons, les protons et les neutrons, liés entre eux grâce aux mésons. Vingt-cinq ans plus tard, ces particules nucléiques laissent apparaître leurs composants, les quarks, liés par les gluons. D’autres particules suivront. Une expression comme « la composition atomique de la matière » fréquemment employée montre qu'elle ne peut être, une substance le support sous-jacent des choses puisqu'elle est elle-même composée d'autres choses. 

Pour beaucoup de particules, leur stabilité comme leur individualité ne sont pas assurées. D’autre part, les caractéristiques que l’on peut leur attribuer sont réciproques : c’est l’interaction qui donne les propriétés observées.

« Déjà au niveau […] des nucléons, la nature quantique des objets interdisait de les considérer comme des assemblages mécaniques de simples juxtapositions de parts autonomes et préexistantes. Encore était-il possible de dissocier les composants : on peut désagréger un noyau en ses différents nucléons, les séparer. Cela n’est plus possible avec les quarks » (Lévy-Leblond J.-M., Aux contraires, Paris, Gallimard, 1996, p. 280).

Interviennent aussi d’autres composants du monde. En 1905, Einstein remplace l’espace et le temps par l’espace-temps. En 1915, il aboutit à la relativité générale : l’espace-temps a une forme, une courbure, qui produit la gravitation. Cette dernière serait due à la matière qu’il contient via sa masse. La matière est assimilée à la masse. La relativité générale réconcilie l’énergie et la masse grâce à sa formule sur « l’énergie de masse » qui indique qu’un corps possède, du fait de sa masse, de l’énergie. Du coup, la conservation de la masse est mise en question. La matière devient un mélange de particules, de gravité, d’énergie, etc.

La masse des particules a été également et plus radicalement mise en question par la théorie quantique. Sa dernière mouture considère que les particules devraient avoir une masse nulle. En effet, leur masse leur serait donnée par un champ avec lequel elles interagissent (c’est la conception de Peter Higgs qui a été confirmée par la mise en évidence du boson). On doit admettre que les particules n’ont pas de masse par elles-mêmes et, à ce titre, on peut légitimement se demander de quelle matière elles pourraient bien être faites ? La physique rend incertaine la notion de matière lorsqu’elle interroge ce qui la constitue.

Quant à la gravité, qui prend de plus en plus d'importance en cosmologie, fait-elle partie de la matière ? Une telle question n'a pas beaucoup de sens et, du coup, dire que la physique est une science de la matière est problématique.

Les différents objets de recherche de la physique sont des objets définis par des systèmes d’équations à partir desquels on fait des expérimentations pour trouver des faits qui les corroborent ou les réfutent. Il en résulte des objets de science auxquels on fait correspondre des référents réels, mais ces référents ne sont ni une chose comme un morceau de matière concrète très petit et insécable (atome), ni une substance (une existence en soi perdurant indéfiniment). Pourtant, l’idée de matière insiste. Pour le physicien Lévy Leblond, résolument matérialiste, « il persiste une forme de matérialité » (Lévy-Leblond J.-M., Une substance sans qualité, conférence à Nice, 2008).

Selon nous, le concept de matière qui est une manière de qualifier la substance comme étant solide, étendue, et immuable, n'est en rien confirmée par la physique en tant que science. Cette dernière construit des objets dont on voit qu'ils décomposent la matière selon une multitude de concepts.

3. Matière et matérialisme

3.1 La matérialisme moderne

Au début du XXe siècle - motivé par les travaux de physiciens tels que Minkowski et Einstein, la notion d'espace-temps est apparu dans le débat philosophique. Comment alors situer la matière ? Donnons comme exemple la tentative de Samuel Alexander. Il part tout d'abord de l'espace-temps qu'il considère comme est réel et substantiel. Deux positions sur le statut des objets sont possibles : soit l'espace et les objets matériels coexistent en tant que types distincts de substances ; soit l'espace-temps est le seul type de substance et la matière lui est identique. Pour Alexander, c'est la nature même de l'espace-temps de donner naissance à des objets matériels du même type que lui. L'espace-temps produirait les objets matériels substantiels. L'affirmation est dans la lignée su monisme une seule substance espace-temps-matière. On peut trouver cette assimilation arbitraire. 

Si par matière, on entend une substance, c'est un concept métaphysique qui désigne le support premier et immuable de ce qui existe. Cette affirmation est un postulat indémontrable. Marc Silberstein écrit : « En suivant la théorie du matérialisme scientifique de Mario Bunge; on peut poser que le matérialisme [...] est moniste (une et une seule substance) » (Silberstein Marc, L'unité plurielle du matérialisme, in Matériaux philosophiques et scientifiques pour un matérialisme contemporain : Volume 1 (Sciences & Philosophie), Paris Édition Matériologiques, 2018.). Ceci est contestable au titre de l'utilisation de la notion de substance qui c'est un concept métaphysique dont on peut se passer. S’il n’y a rien d’autre que la matière, il s’agit tout simplement de ce qui existe. En ne qualifiant pas ce qui existe, on fait une économie conceptuelle importante : on en reste au postulat réaliste de l'existence. Quelle que soit la définition de la matière, l’affirmation tout est matière est une forme litigieuse. Voyons pourquoi.

Puisqu’il n’existe rien d’autre, tout ce qui est, est matière et tout ce qui est matière, est. Il s’agit d’une tautologie fondée sur l’équivalence entre être et matière. Ce que l’on peut admettre puisqu’une tautologie ne peut pas être fausse. Mais on peut douter de son utilité. Si existence et matière sont équivalents, il est plus simple de se limiter à l’existence. Cette simplicité est intéressante car, dans ce raisonnement, il s’agit du tout. Or qui peut prétendre connaître la totalité ? Personne. Compte tenu qu’on ne peut se passer du concept de totalité, le mieux est de se limiter à l’affirmation minimale d’existence.

La question qui se pose alors est : pourquoi se croire obligé de qualifier l’existence de matérielle ? C’est très probablement en raison de l’omniprésence du dualisme et de la supposition qu’à côté de la matière existerait du spirituel, de l’immatériel, du transcendant. Il s’agit donc de le nier. Tout est matière est une forme rhétorique pour se situer sur un plan métaphysique, compte tenu du contexte dualiste, en opposition à l’idéalisme et au spiritualisme. Hors de ce contexte, s’il n’existe rien de spirituel ou de transcendant, il est inutile de préciser que ce qui existe est matériel. En effet, un terme se comprend par opposition et différenciation à d’autres et en précisant qu’il n’y que la matière, on sous-entend (en le niant) qu’il pourrait y avoir autre chose : de l’immatériel.

Si le matérialisme est acceptable en contexte comme tentative de résolution du dualisme, il est critiquable au titre d’une affirmation métaphysique qualifiant a priori le tout. D’où notre suggestion d’une évolution possible vers une ontologie de l'existence, limitée dans son propos à l’Univers connu.

3.2 Le réductionnisme

Le matérialisme réductionniste comporte deux aspects qui se rejoignent. Le premier concerne la manière de connaître (enjeu épistémologique) et le second ce qui existe dans le monde (enjeu ontologique). Les positions parfois se croisent, car on peut être partisan d'un réductionnisme ontologique sans l'être d'un réductionnisme épistémique. 

Selon la doctrine réductionniste, la bonne manière de connaître est analytique. Il convient de décomposer le domaine de recherche en autant de parcelles que possible jusqu'aux plus élémentaires. Cette décomposition permettra la meilleure explication. Il s’y associe un présupposé ontologique : le complexe peut se ramener au simple qui constitue vraiment le monde. Aller vers l’élémentaire, c’est aller vers le réel, vers ce qui existe vraiment et fondamentalement. Le réductionnisme s'appuie sur la métaphysique matérialiste pour laquelle tout dans le monde est constitué d'une unique substance, la matière (dans sa variante atomiste, la matière est elle-même formée d'atomes, éléments ultimes et insécables). Sur le plan de l’organisation des connaissances scientifiques, le projet réductionniste a l’ambition de ramener les sciences humaines à la biologie, la biologie à la chimie et la chimie à la physique.

La tendance matérialiste s'est développée en réaction au dualisme du Discours de la Méthode de Descartes. Elle a été reprise par Newton qui estime que les « puissances actives, attraction et répulsion qui règlent le cours des astres et la chute des corps » sont valables pour la combustion, la fermentation, le magnétisme, etc.… Au milieu du XIXe siècle, il prend de l’ampleur. On le retrouve en biologie. Helmholtz et Brücke, physiologistes de renom, veulent établir « qu’aucune autre force que les forces physico-chimiques courantes ne sont en action dans l’organisme ». Pour Einstein, les lois générales de la physique permettront de construire « la théorie de tous les phénomènes de la nature, y compris ceux de la vie ». Selon la thèse physicaliste, le monde est uniquement constitué par ce que décrit la physique, qui serait la science dernière et fondatrice.

L’inconvénient de la méthode analytique, utilisée sans mesure, c’est qu’elle ne permet pas de comprendre les ensembles organisés. Par cette méthode, le complexe est démembré et les phénomènes qui viennent des entités composites sont négligés. Les connaissances qui prétendraient rendre compte de ces entités et de leurs propriétés sont rejetées, car elles ne se conforment pas à la bonne manière de procéder. Elles ne sont acceptables qu'à titre provisoire. Quant au principe d’une réduction ontologique, c'est un a priori dont l’utilité est discutable, l'évolution des sciences étant plutôt en faveur d'une pluralité ontologique.

En résumé, on peut distinguer deux aspects du réductionnisme : 

- Un réductionnisme épistémologique qui est un principe de méthode. Il est parfaitement légitime et a montré sa fécondité. Il choisit le plus fort degré de simplicité pour résoudre un problème. Sa généralisation, toutefois, est abusive. Elle suppose que l'on aura une explication complète du monde à partir de la physique.

- Un réductionnisme ontologique pour lequel tout niveau d'organisation supérieur est le résultat, sans aucun ajout ni différence, de la composition additive ou causale des éléments du niveau inférieur et ainsi de suite jusqu'au dernier, le plus basique (celui des particules élémentaires). Ce dernier niveau constituerait véritablement le réel.

3.3 Le matérialisme au XXe siècle et de nos jours

Un argument puissant en faveur du réductionnisme matérialiste est du type « rasoir d’Occam ». On peut le formuler ainsi : il convient de ne supposer aucun être inutile. Cependant le problème de savoir ce qui est utile et inutile, du point de vue de la connaissance, n'est pas tranchée de la même manière par tout le monde. 

Si la thèse réductionniste est justifiée, elle s’applique de proche en proche. Pas seulement à l’esprit, mais aussi au vivant, puis aux éléments chimiques. Reste la matière ramenée à sa forme substantielle. Du point de vue épistémologique, on aboutit au « physicalisme », doctrine qui donne comme seule science la physique. Le réductionnisme ontologique, s’il est conséquent, aboutit au physicalisme.

Pour les matérialistes contemporains comme Denis Collin, la science est matérialiste et « le réductionnisme va de pair avec le développement de la science moderne » (Collin D., La matière et l’esprit : Science, philosophie et matérialisme, Paris, Armand Colin, 2004., p. 23, 84). Pour cet auteur, « le matérialisme se prononce sur la composition de l'être : il soutient que tout est matière, entendue au sens cartésien de la substance étendue... » (Ibid.). Cependant, une bonne part des scientifiques est plutôt positiviste et récuse la métaphysique de la substance, y compris matérielle, préférant s'en tenir aux faits.

Pour en donner une définition, nous citerons Pierre Steiner qui résume parfaitement la situation dans la terminologie de la philosophie analytique  : 

« Une ontologie moniste matérialise, c'est à dire la reconnaissance de tout ce qu'il y a [...] est, ultimement, intégralement composé constitué et réalisé par l'existence d'entités spatio-temporelles matérielle élémentaires (particules), par les interactions mécaniques entre ces éléments quadridimensionnel et encore plus fondamentalement par l'occurrence de propriétés instanciées en un point de l'espace temps par ces particules [...]  Le comportement de tout ce qu'il y a est ainsi déterminé par le comportement de ces particules en interaction » (Survenance, émergence et immersion : le problème de la conscience d’un point de vue externaliste, Revue Philosophique de Louvain , Année 2013  111-1  pp. 69-108). 

L'ultime espoir réductionniste est celui d'une science physique englobant toutes les autres sciences. C’est le « physicalisme », qui, sur la base ontologique d’un monisme matérialiste, veut ramener la connaissance scientifique à la physique et éliminer les autres connaissances (chimie, biologie et encore plus la psychologie). Si on se déclare réductionniste, le physicalisme est effectivement la seule forme conséquente, car, si la thèse réductionniste est juste, elle s’applique transitivement de niveau en niveau, jusqu’au dernier. On devrait pouvoir réduire les niveaux de description de proche en proche jusqu'au dernier qui est le plus fondamental et correspond à celui de la substance matérielle.

Le déterminisme et le matérialisme se conjuguent pour affirmer la transversalité universalisante des lois de la physique. Elles seraient valables pour tous les événements se produisant dans l'Univers. Ce choix gnoséologique conduit à récuser la découpe du monde en champs différents et irréductibles obéissant à des lois qui leur seraient propres.

« Adopter une stratégie réductionniste, c’est essayer d’expliquer les niveaux macroscopiques (les propriétés psychologiques) à l’aide des niveaux microscopiques (les propriétés des réseaux de neurones) » (Churchland P., « Que peut nous enseigner la neurologie au sujet de la conscience ? », in Des neurosciences à la philosophie, Paris, Syllepse, 2008, p. 330).

L’esprit n’a pas d’existence (Churchland P., Matière et conscience, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 70), les faits mentaux sont niés ou minimisés et un behaviorisme de principe affirme l’on ne doit considérer que les comportements, dont la cause se trouve dans le cerveau (assimilé à de la matière). Ces auteurs ajoutent qu’une science future de l'homme expliquera causalement, de manière neurophysiologique et ultimement physique, l'ensemble de nos comportements définis objectivement.

Les théories psychologiques doivent être remplacées par une théorie des états cérébraux. Le raisonnement prend pour postulat que la neurobiologie et la psychologie auraient le même objet, ce qui justifierait que la psychologie soit réduite (pour la psychologie scientifique) ou éliminée (pour la psychologie populaire) (Voir chapitre VII de Churchland P., Neurophilosophie, Paris, PUF, 1999). On pourra consulter à ce sujet l'article Patricia Churchland et la neurophilosophie

Les principes allégués par Paul et Patricia Churchland, tels que la recherche de scientificité, la critique du dualisme cartésien et de l’opposition nature/culture, le remplacement des théories non valides, ne sont pas critiquables. Mais, ils n’imposent pas nécessairement un réductionnisme matérialiste. Le matérialisme est choisi par défaut, comme solution au dualisme jugé erroné.

Pour Patricia Churchland, le choix du matérialisme est d’abord un refus du dualisme cartésien qui a dominé la pensée philosophique pendant trois siècles (Lewin R., La complexité, Paris, InterEditions, 1994, p. 167). Dans une conversation, Patricia Churchland avoue faire comme si le matérialisme était démontré. Elle admet avoir choisi cette doctrine comme la seule alternative possible au dualisme cartésien qu’elle refuse (Ibid, p. 181).

Elle n'est pas la seule. Le matérialisme se définit parfois négativement comme doctrine selon laquelle « il n’existe aucune réalité spirituelle ou idéelle autonome » (Encyclopédie Philosophique Universelle, Paris, PUF, 1990). Mais un matérialisme qui se contente de récuser l'esprit, avoue sa faiblesse et laisse de côté ce qui nous intéresse ici, à savoir préciser et tester la validité du concept de matière. 

Cette attitude anti spiritualiste est nettement exposée par  Dubessy Lecointre et Silbertein qui affirment :

« La thèse centrale du matérialisme est : tout ce qui est réel est matière quel que soit le degré d'organisation) . Le matérialisme est donc une doctrine ontologique  stipulant que les entités existantes , constitutives du monde , sont matérielles, ou, autrement dit qu'il n'existe pas d'entités immatérielles en tant que constituants » (Dubessy Jean, Lecointre Guillaume, Silbertein Marc, Les Matérialisme (et leurs détracteurs), Paris, Syllepse, 2004).

Du coup, la matière est définie par opposition à l'immatériel et le matérialisme se situe comme antidote au spiritualisme. Mais si on admet, qu'en effet, il n'existe pas d'entité immatérielle, dans ce cas comment se définit la matière ? Elle est nécessairement tout ce qui existe. À quoi bon qualifier tout ce qui existe à l'identique et n'est-il pas imprudent de prétendre tout connaître a priori ?

Conclusion : une matière ambiguë

La matière correspond d’abord à une intuition sur la réalité concrète qui, sous certains aspects, a un caractère palpable, durable, étendu. Du point de vue de la vie courante, le terme de matière peut éventuellement être utilisé au sens de composant des choses (qui seraient constituées de telle ou telle matière). Mais lorsque l'on quitte cet usage ordinaire, pour prétendre à un usage savant, la matière sous-entend l'idée d'une substance ce qui la rend problématique. 

Épurée, de sa dénotation concrète la matière a été déclarée substance et pourvue de diverses propriétés essentielles, ou qualités premières. Le terme matière oscille entre la désignation du concret (ce dont semble composées durablement les choses) et une substance permanente qui renvoie au réel en soi, qui serait censée constituer unitairement le monde. Cette oscillation est par elle-même une source de confusion.

Le problème du terme matière au sens d’une substance uniforme apparaît très facilement au travers d'une question simple : que désigne ce terme par rapport à un solide quelconque comme un cube d’acier ou de marbre ? La physique depuis le début du XXe siècle nous a appris qu’un solide de ce type est majoritairement constitué d’espace vide, car les noyaux atomiques ne représentent que 0,0000000000001 %. du volume. Or concrètement le cube se présente comme un matériau concret, palpable et sans aucun vide. Ce vide est traversé de forces de cohésion puissantes qui assure la liaison des noyaux atomiques. Mais les noyaux atomiques ne sont pas de petites billes, ils sont eux-mêmes constitués de neutrons et protons tenus par d’autres forces de cohésion. Que désigne le terme substance matérielle dans tout cela  ? Où se trouve-t-elle ? S'il désigne l’ensemble, cet ensemble est alors un matériau (acier, marbre). On retombe sur le sens commun de matière.

Ce mot du sens commun sert aussi à désigner génériquement ce dont s’occupe la physique et la chimie, généralement appelées « sciences de la matière ». Dans la physique atomique contemporaine, l'idée de matière-substance trouve un dernier refuge dans les nucléons. Mais ceux-ci ne forment qu’une partie des objets physiques à côté des champs qui sont à l’origine de la masse, des ondes électromagnétiques, des particules sans masse, de l’énergie, de l’espace-temps, de la gravité. On est très loin d’une substance uniforme pourvue de diverses qualités. Les formes de ce qui existe dont s'occupe la physique et la chimie sont sans rapport avec une substance unifiée et permanente qui serait constitutive du Monde.

On voit toute la difficulté du terme de matière. La convocation sous la même notion du concret palpable, de la substance étendue, des objets des sciences physiques ou chimiques, la rend confuse. Cette appellation générique gomme des différences indispensables au raisonnement. La métaphysique a produit, à côté de l’esprit, dont la matière tire sa définition négative, une notion fourre-tout, la matière, qui ramène la diversité des formes d'existence constitutives du Monde à une unicité bien problématique.

Peut être faudrait-il, comme le dit Bertrand Russel, considérer que

« L’esprit, la matière, sont des termes commodes, mais ils ne constituent pas des réalités dernières. Les électrons et les protons, comme l’âme, sont des fictions logiques : chacune de ces notions représente une histoire, une suite d’événements, et non pas une entité singulière et permanente » (Russell B., « Ce que je crois », Le mariage et la morale, tr. Gabriel Beauroy et Guy Le Clech, 10-18, 1997, p. 260).

Mais ces termes commodes réinterprétés par la philosophie sous les auspices d'une substance constitutive du Monde induisent des croyances opiniâtres sur la réalité dernière (le réel), des confusions et des controverses incessantes. 

 

Voir aussi le sujet connexe : L'idée d'esprit

 

Bibliographie :

Churchland P., « Que peut nous enseigner la neurologie au sujet de la conscience ? », in Des neurosciences à la philosophie, Paris, Syllepse, 2008.

Churchland P., Matière et conscience, Seyssel, Champ Vallon, 1999.

Conta B., Théorie du fatalisme, Bruxelles, 1877 : cité par Charbonat P., Histoire des philosophies matérialistes, Paris, Kimé, 2013.

Collin D., La matière et l’esprit : Science, philosophie et matérialisme, Paris, Armand Colin, 2004.

Descartes R., Méditations métaphysiques, Méditation troisième, Œuvres et Lettres, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1953.

Descartes R., Principes de la Philosophie, II, art. 4, Œuvres et Lettres, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1953.

Diderot E., Principes philosophiques sur la matière et le mouvement, Œuvres philosophiques, Paris, Garnier, 1964.

Dubessy Jean, Lecointre Guillaume, Silbertein Marc, Les Matérialisme (et leurs détracteurs), Paris, Syllepse, 2004

Heisenberg W., La nature dans la physique contemporaine, Paris, Gallimard, 1962.

La Mettrie, L’homme machine, Paris, Denoël, 1981.

Lévy-Leblond J.-M., Aux contraires, Paris, Gallimard, 1996.

Lévy-Leblond J.-M., Une substance sans qualité, conférence à Nice, 2008.

Lewin R., La complexité, Paris, InterEditions, 1994, p. 167.

Marx K., Engels F., La Sainte Famille, Paris, Éd. Sociales, 1972.

Marx K., L’idéologie allemande, Paris, Éditions sociales, 1976.

Ostwald W., « La déroute de l’atomisme contemporain », Revue générale des sciences pures et appliquées, n°21, 1895.

Russell B., « Ce que je crois », Le mariage et la morale, tr. Gabriel Beauroy et Guy Le Clech, 10-18, 1997.

Smith-Churchland P., Neurophilosophie, Paris, PUF, 1999.

Voltaire, Dictionnaire philosophique, Article "Matière", section I et II.

 

Webographie:

Samuel Alexander (1859-1938) L'Encyclopédie Internet de la philosophie . https://iep.utm.edu/samuel-alexander/#SH3b.

 

L'auteur : 

Patrick Juignet