Le terme phénomène, qui vient du latin phaenomenon, a été emprunté au grec φαινόμενον (apparence) et il désigne ce qui nous apparaît du monde environnant. Cette définition sous-entend implicitement une différence entre ce qui est perçu par l'expérience sensible (les phénomènes) et l'être véritable.
Chez Platon, le terme phainomena désigne les choses telles qu'elles apparaissent dans le monde sensible, par opposition aux idées ou essences, qui sont accessibles uniquement par la pensée rationnelle. Pour Platon, les phénomènes sont souvent considérés comme trompeurs ou secondaires, car ils participent de l'apparence et non de la vérité absolue des idées. Chez Aristote, phainomena a une connotation plus neutre. Aristote l'emploie pour désigner les données de l'expérience telles qu'elles se présentent à nous. Il accorde davantage de crédibilité à ce qui est donné dans l'expérience sensible, tout en cherchant à en comprendre les principes sous-jacents. Dans ces deux cadres, le terme désigne « ce qui se montre » ou « ce qui apparaît », grâce à la perception ou à l'expérience humaine.
Edmund Husserl a voulu une nouvelle philosophie qui reparte du phénomène. Il définit celui-ci comme ce qui se donne à la conscience, dans l'expérience subjective intuitive. La méthode préconisée vise à décrire les phénomènes tels qu'ils se présentent à la conscience, sans le biais de théorie ni de référence à l'expérience. Cette foi dans le phénomène pour accéder au monde tient à la croyance selon laquelle il est l'expression de son essence, vérité ultime de ce qui existe. La phénoménologie vise donc à dévoiler l’essence des phénomènes définis comme ce qui apparaît à la personne selon la perception qui est la sienne.
En outre, les phénomènes sont inséparables de l'intention qui les vise. Pour atteindre la pureté du phénomène, Husserl propose une « réduction phénoménologique », ou épochè, qui consiste à mettre entre parenthèses toutes les croyances et jugements concernant l'existence supposée du monde extérieur, afin de se concentrer uniquement sur l'expérience vécue du phénomène.
Voir la définition du « fait » (par opposition au phénomène)