Prudence concernant la neuroimagerie cérébrale
Pour citer cette note :
Juignet Patrick. Prudence concernant la neuroimagerie cérébrale. Philosophie, science et société. 2021. https://philosciences.com/
prudence-concernant-la-neuroimagerie-cerebrale.
Nous rappelons ici un Avis du Comité National d'Éthique donné afin Afin de modérer les discours visant à survaloriser les possibilités de la neuroimagerie. Le Comité d'Éthique a cru bon de donner un avis de prudence concernant les interprétations déplacées des résultats de l'imagerie cérébrale. Ces interprétations donnent à croire que l'on pourrait visualiser la pensée ou les processus cognitifs.
Il précise entre autre que :
- Le signal lié à la demande en oxygène servant dans l'IRM fonctionnelle n’est qu’un reflet indirect de l’activité neuronale.
- Les résultats recueillis jusqu’à présent ne permettent pas de décrire la relation du cerveau à la pensée. Les difficultés sont aussi bien expérimentales que théoriques.
L’observation en IRMf traduit des modifications de l’activité de circuits neuronaux dans leur globalité, ce qui permet d’identifier les « routes neuronales » empruntées, mais sans pour autant avoir accès au contenu ou à la sémantique du message. Il en résulte fondamentalement que ce n’est pas parce qu’un comportement se traduit par une image que l’image traduit un comportement. Le risque est donc de corréler abusivement et d’accorder une valeur scientifique à cette corrélation entre l’imagerie cérébrale et l'activité de penser ou les comportements et conduites. L'IRM fonctionnelle permet seulement de visualiser des marqueurs physiologiques de l’activité cérébrale.
Le problème est celui de la difficulté de convergence entre disciplines radicalement différentes. La neurobiologie met en évidence, par l’observation et l’expérimentation, des dosages biochimiques et des mesures électriques. L'imagerie fournit de images du fonctionnement des neurones. Les sciences humaines s'occupent de la pensée, du langage, de la communication, de la représentation, de la volonté, du jugement, des conduites complexes, etc. Nous avons affaire à deux types de disciplines différents qui s'occupent de faits empiriques différents, avec des théories différentes.