Écrit par : Patrick Juignet
Catégorie : Vocabulaire philosophique

Le naturalisme, en philosophie, considère que l'ensemble du Monde est naturel, ce qui exclut la possibilité du surnaturel et d'interventions divines. Cette option implique un fonctionnement autonome de la nature.

Cette manière d'envisager le Monde a existé dès l'Antiquité, mais a pris une nouvelle forme à partir du XVIIe siècle avec le développement de la science moderne. On peut distinguer au moins deux naturalismes différents : un naturalisme rationnel matérialiste et un naturalisme vitaliste. Pour ce dernier, la nature est une totalité vivante complexe et autonome (Henri Bergson).

Le naturalisme rationaliste considère que le Monde est déterminé et exempt de surnaturel et que la raison humaine pourra l’expliquer. La réalité naturelle suit des enchaînements réguliers et l’homme peut en découvrir les lois par la philosophie naturelle, devenue la science. Le naturalisme lutte contre la religion et la magie qui veulent peupler le Monde d'entités surnaturelles.

Ces principes s'accompagnent généralement d'un athéisme et d'un rejet de la croyance en des forces inconnues et obscures. Pour le naturalisme, il n'y a pas « d'autre monde » ou « d'arrière-monde », mais un seul Monde le nôtre, qui est la nature. Cette dernière existe par elle-même et porte en elle les causes de ses transformations. La science est le meilleur moyen de connaître la nature et la seule méthode permettant un savoir assuré. 

Ce naturalisme rationaliste définit la nature comme la totalité de l'expérience possible (par distinction avec le surnaturel) et inclut la culture dans la nature au sens où elle n'est pas surnaturelle. La culture serait un produit de la nature, de l'évolution des espèces. 

Les problèmes posés viennent de l'opposition nature/surnature qui conduit à étendre la nature à tout, pour éliminer le surnaturel. Les problèmes sont les suivants :   

- la définition de la nature ne la prédispose pas à être tout. La Nature désigne en premier lieu ce qui entoure l’Homme et au sein de quoi il vit. L’idée la plus centrale concernant la Nature est celle d’un développement spontané des êtres vivants.

- Si la totalité de ce qui existe constitue le Monde, l'utilité d'appeler le Monde « Nature » n'est pas évidente. Il y a un forçage du terme par ailleurs qui n'est pas forcément heureux.   

- En effet, le surnaturel que l'on veut gommer reparaît en creux. Pourquoi qualifier le Monde de naturel, s'il n'existe aucun surnaturel ? 

- La négation de la distinction entre la techno-socio-culture humaine et l'environnement terrestre non modifié pose un problème pratique. Distinguer ce qui est régi par un déterminisme éco-systémique et ce qui ressortit des lois et règles socioculturelles a un intérêt.

- Le naturalisme a tendance à nier la spécificité humaine, et à défendre un réductionnisme biologisant.

- Les tenants du naturalisme adoptent souvent un point de vue mécaniste et matérialiste rigide. Le naturalisme contemporain de Willard Van Orman Quine, Hilary Putnam et Daniel Dennett est de ce type.

On peut soutenir que les sciences constituent la meilleure façon de comprendre le Monde et rejeter les explications surnaturelles et métaphysiques, sans pour autant adhérer au naturalisme.

Le terme également a trait à la nature au sens de l'environnement, comme c'est le cas pour le naturalisme en peinture ou pour les naturalistes qui s'occupent de sciences naturelles, comme la botanique, la minéralogie, la zoologie, etc. 

Voir : Nature