Écrit par : Patrick Juignet
Catégorie : Homme, humain et humanité

Le propre de l’Homme

 

Penser constitue « le propre de l'Homme », car on ne trouve cette capacité chez aucun animal à un tel degré de développement. Nous allons décrire le vaste champ empirique auquel renvoie l'intellect humain, puis poser le problème de sa genèse.

Thinking constitutes “the characteristic of Man”, because we do not find this ability in any animal at such a degree of development. We will describe the vast empirical field to which the human intellect refers, then pose the problem of its genesis.

 

Pour citer cet article :

Juignet, Patrick. Le propre de l'Homme. Philosophie, science et société. 2018. https://philosciences.com/cognitif-propre-homme. https://doi.org/10.5281/zenodo.10417140.


Plan de l'article :


1. Le champ empirique concerné 
2. Les caractéristiques de ce domaine
3. Une réévaluation de la pensée
4. Quelle genèse pour ces capacités ?
Conclusion : un Homme différent


 

Texte intégral :

1. Le champ empirique concerné

Le choix d’un terme neutre

Le propre de l'Homme est de penser (que ce soit de manière intelligente, stupide ou délirante). Ayant affirmé cette évidence empirique, un problème surgit : comment cela est-il possible ? C’est l’angle sous lequel nous allons aborder le sujet du propre de l’homme.

D’emblée, notre projet bute sur une difficulté pour désigner l’objet d’étude (son domaine et la méthode pour l’aborder). De nos jours l’intellect humain a disparu sous des couches discursives contradictoires qui en font une substance non étendue, un esprit transcendant, un état mental, un fantôme, un épiphénomène de la matière, une variété d’information, un calcul, un accès aux idéalités, etc.

Nous avons choisi le terme neutre d’intellect pour regrouper les diverses capacités cognitives et représentatives humaines que nous voulons étudier. L’intellection revêt de nombreux aspects que nous regrouperons dans quelques catégories, chacune recouvrant chacune un ensemble relativement homogène de faits. Nous mentionnerons à chaque fois les sciences humaines sur lesquelles nous nous sommes appuyés pour cette approche de l’intellect humain.

Le langage et la pensée

Quelle que soit la manière de la considérer, la pensée se manifeste aux humains. Les pensées sont, soit mentalisées et conscientes (rendues perceptibles à l’individu), soit communiquées par un média de type langagier (transmises et rendues perceptibles aux autres par reproduction).

Les relations entre la pensée et le langage est une vieille affaire et elles ont été conçues de différentes manières : de la disjonction totale à l’osmose complète. Au XXe siècle la linguistique a fait diverses propositions.

Pour Ferdinand de Saussure, avant l’acquisition d’une langue particulière, la pensée n’est qu’une « masse amorphe et indistincte » (Saussure F., Cours de Linguistique Générale). C’est la langue qui impose à la pensée son découpage. Selon Hjelmslev (Hjelmslev L. Langage et pensée), il n’est pas exact d’affirmer que la langue est l’expression de la pensée. Il faut dire au contraire que la langue est la forme de la pensée. Pour Noam Chomsky, la formation de la pensée est la principale fonction du langage, bien avant la communication. Pour cet auteur, l’activité de penser repose fondamentalement sur une créativité linguistique inhérente au fonctionnement de la grammaire universelle.

Dans l’approche linguistique, on considère assez souvent que l’organisation du langage génère la pensée, la structure et lui confère sa capacité de représentation du réel. Le langage ne serait pas une traduction de la pensée qui existerait comme antérieure et indépendante, le langage catalyserait la pensée. Parmi les linguistes contemporains François Rastier et François Recanati soutiennent que le langage et de la pensée sont étroitement liées.

Ces approches ont une limite. Elles partent du postulat que la pensée serait une entité éthérée, floue, interne et privée, entité que le langage viendrait révéler. Notre principe sera au contraire de la prendre sous un jour empirique dans ses différentes expressions. Néanmoins, sur le plan du langage la linguistique et la sémiologie montrent que l’Homme des compétences linguistiques importantes qui font partie du champ d’investigation. 

Les conduites et actions pratiques finalisées

Les conduites, c'est-à-dire aux comportements ayant un but qui préexiste à la réalisation, sont également à prendre en compte. Généralement, ce but demande une stratégie pour être atteint, ce qui suppose une intelligence pour coordonner les actes constituant les conduites.

Les conduites sont, le plus souvent, intelligibles pour les autres humains qui en perçoivent la finalité et peuvent les comprendre. Nous reprendrions volontiers ici l’idée de Vincent Descombes d’« une puissance intentionnelle de mise en ordre », ou d’un « ordre du sens » (Descombes V., Les Institutions du sens) qui, manifesté dans un comportement, fait de lui ce que nous appelons une conduite. La conduite est structurée selon un ordre intentionnel, c’est-à-dire déterminée par un ensemble de relations entre des fins et des moyens.

La coordination des actes suppose une intelligence et une intention, ce qui implique une association complexe entre les divers processus intellectuels. Les conduites peuvent être pensées, mais aussi se dérouler sans formulation explicite.

Dans les conduites courantes, ces processus cognitifs traitent presque toujours simultanément de différents registres, ce qui implique un arrière-plan cognitif de grande ampleur. Une intention s’appuie, pour se réaliser, sur un arrière-plan cognitif qui est toujours complexe et ramifié, et peut contenir des éléments contradictoires.

Une conduite, quel que soit son domaine, fait appel à des savoirs, à une capacité de jugement, à des raisonnements. Les types de conduites sont innombrables. Ce peut être des conduites adaptatives ou des jeux, ce peut être des conduites concrètes ou sociales.

Les pensées et conduites pathologiques

La pensée et les conduites peuvent prendre des formes pathologiques qui font pleinement partie de notre domaine d’étude. Cela ne change en rien leur nature, mais a suscité des études que l’on peut regrouper sous le terme de psychopathologie. La psychiatrie et la psychanalyse, depuis la fin du XIXe siècle, les décrivent assez finement ces aspects (obsessions, compulsions, délires, rationalisme, etc.) et cherchent à les expliquer.

Cette explication passe par la recherche de causes ou, au moins, de conditions déterminantes de ce qui est considéré comme des symptômes. La psychopathologie distingue les influences neurobiologiques, les influences relationnelles présentes et passées.

Sigmund Freud a tenté une première théorisation en s’appuyant sur la psychologie associationniste et la notion de représentation. Il explique les faits constatés par l’effet de groupes de représentations qui peuvent coexister indépendamment les uns des autres, et donc de la rupture des associations entre représentations. Le même procédé sera employé ensuite pour tous les types de pathologies.

Du point de vue de la méthode freudienne, des aspects importants sont en jeu : 1/ Les représentations ont une autonomie et un rôle causal dans les symptômes et les conduites. 2/ Les représentations et les processus qui les affectent sont inconscients (et donc pas « psychologiques » au sens où on l'entend alors). 3/ Les représentations sont considérées sans rupture avec la neurophysiologie cérébrale.

Pour Carl Gustav Jung, le psychisme participe du vivant, mais il doit être considéré comme différent des phénomènes physicochimiques. Il considère que l’on peut uniquement constater « notre ignorance de la nature du psychisme » et que nous pouvons seulement dire qu’il existe. C’est une position proche de celle de Freud. Les archétypes de Carl Gustav Jung sont des productions originales du psychisme (Les racines de la conscience, p. 67).

Nous avons, dès ces débuts balbutiants, le paradigme de ce qui va devenir le psychisme. On suppose une entité dont le fonctionnement permet d'expliquer les conduites et les symptômes. Les questions intéressantes sont de savoir : ‒ comment passe-t-on des représentations non conscientes ou de l’archétype inné et inconscient à un contenu conscient formulé ? ‒ Comment sont générées les pensées qui les manifestent ?

L'imagination et l'imaginaire

La capacité à imaginer est retrouvée partout dans la vie humaine, dans la façon d'enjoliver la réalité, dans les œuvres d’art, et même au cours du sommeil dans les rêves.

La mise en évidence de composants élémentaires et fondateurs de l’imaginaire a été amorcée par la psychanalyse et par l'anthropologie. Il y a une création et la constitution de représentations complexes purement inventées. Leur création par l'individu ne veut pas dire qu'elles lui soient propres. On trouve plutôt dans leurs aspects élémentaires des formes imagées standards, dites archétypales ce qui signifie collectives et constamment retrouvées.

Gilbert Durand fait de l’imaginaire un carrefour anthropologique, la norme fondamentale de la pensée humaine. De fait, il y a bien une charge imaginaire massive et peu perçue dans le vécu humain. Elle constitue un aspect factuel parfaitement descriptible dont il faut tenir compte et qui s'intègre au champ empirique qui nous concerne ici.

Cette charge imaginaire fausse la vision (des autres, de la société, de l’Univers). Elle constitue une capacité de méconnaissance plutôt que de connaissance. Il y a une propension humaine à dénier la réalité à vivre dans l’illusion qui ne peut être négligée. Elle est aussi source de création et d'invention.

La psychanalyse et l'anthropologie ont montré que l'imaginaire est lié au pulsionnel, et donc au biologique. Gilbert Durand, par exemple, a répertorié des formes de l'imaginaire autour de grands schèmes structuraux qui ont un rapport avec l'organisation biologique. Pourtant, il leur donne une autonomie, une dynamique propre.

Ayant d’abord opté pour une description phénoménologique de l’imaginaire qui l’a amené à une classification des différentes formes et structures, Gilbert Durant déclare ensuite que : l’imaginaire « ne renvoie qu’à lui-même » (Les structure anthropologiques de l’imaginaire, p. 438). Durand se demande ensuite quelle démarche ontologique adopter. Il se réfère alors au sens, « un sens qui serait la chose du monde la mieux partagée » (Ibid.) et aurait un caractère transcendantal (terme qui reste mal défini).

L’intelligence et la connaissance

L’intelligence pure, concrète et abstraite, celle qui permet de résoudre de problèmes est au centre de ce que nous nommons l’intellect. L’école piagétienne de psychologie cognitive en fournit une description et une théorie convaincantes.

Le concept de schème très employé par Jean Piaget est intéressant, il sert à expliquer des manifestations identifiées cliniquement concernant l’action et la pensée. Un schème est une structure ou une organisation. Le concept est utilisé aussi bien pour expliciter le sensori-moteur que l’affectif, le symbolique ou l’intelligence pure. Il constitue un ensemble, une totalité fermée (La formation du symbole chez l’enfant, p. 28), une structure qui s’exécute en entier.

Pour autant, la perspective n’est pas instrumentiste (théorie purement explicative), car le schème existe chez l’individu sous une forme ou une autre. Il est construit et élaboré au cours de l’enfance et de l’âge adulte par assimilation et accommodation. Le passage d’un stade à un autre suppose que les schèmes plus élaborés englobent les précédents.

Cependant, le schème n’est pas conscient. « Le schème d'une action n'est ni perceptible (on perçoit une action particulière, mais non pas son schème) ni directement introspectible et l'on ne prend conscience de ses implications qu'en répétant l'action et en comparant ses résultats successifs » (Études d’épistémologie génétique, volume 14, p. 251).

Le schème ne renvoie pas au mental, même s’il sert dans certains cas à constituer des images mentales, par exemple, dans l’activité perceptive (La formation du symbole chez l’enfant, p.80). Le schème s’exécute et engendre une conduite observable. Quand on rassemble les différents schèmes évoqués dont le nombre est immense, on a un appareil psychologique très complexe.

Jean Piaget a développé une psychologie de la capacité de présentation différée sous le vocable de fonction sémiotique. Avant même que l'enfant n'acquiert les signes linguistiques, il utilise des représentants de différentes manières : par le jeu symbolique, par l’imitation différée, par les images mentales, motrices, visuelles ou auditives. Jusqu'en 1963, Piaget appelait cette fonction « symbolique », puis, en réponse à une remarque d’un linguiste, il a adopté le terme de fonction sémiotique, car son propos concerne non seulement l'emploi de symboles, mais encore et surtout celui des signes conventionnels.

Piaget considère que cette capacité a pour origine le développement de l'imitation. L'imitation (d'actions, de gestes, de mimiques, d'événements, mais aussi de productions vocales et verbales) est d'abord immédiate. Puis, elle devient différée. Le processus fondamental de différenciation du représentant (signifiant) et du représenté (signifié) évoqué en son absence, est acquis. Selon Piaget, le langage est « un cas particulier de la fonction sémiotique » (Schèmes d'action et apprentissage du langage, p. 248).

L’ordre individuel et collectif

Claude Lévi-Strauss a repris le terme d'esprit, mais il parle d'un esprit désubjectivé, fait d’opérations qui sont le symbolique lui-même, conçu comme une entité supra-individuelle et inconsciente. Le système symbolique « se borne à imposer des lois structurales, qui épuisent sa réalité, à des éléments inarticulés qui proviennent d'ailleurs : pulsions, émotions, représentations, souvenirs » (Anthropologie structurale, p. 232, 233).

Ce n’est pas le refuge des particularités individuelles, le dépositaire de l’histoire unique de chacun, mais un fonctionnement commun à tous. Inconscient, il « se réduit à un terme par lequel nous désignons une fonction : la fonction symbolique, spécifiquement humaine, sans doute, mais qui, chez tous les Hommes, s'exerce selon les mêmes lois ; qui se ramène, en fait à l'ensemble de ces lois qui dépend de la structure objective du psychisme et du cerveau » (Ibid., p. 349.) et son fonctionnement repose sur « le jeu combiné de mécanismes biologiques et psychologiques » (Ibid., p. 333).

L’existence du symbolique est mise en évidence par l’identité des systèmes apparaissant dans les différents domaines des activités sociales et culturelles humaines. Par rapport aux capacités et activités humaines, la structure est l’armature invisible qui les génère et les soutient. L’esprit humain, en œuvrant, produit les structures et les applique (de manière inconsciente), organisant ainsi le monde, et fondant la culture (Anthropologie Structurale, p. 117).

Certes, on note des variations dans les énoncés, mais le sens général est toujours identique. L’esprit « impose des formes », via « des schèmes », qui modèlent la réalité sociale et permettent de comprendre la réalité naturelle. L’activité cognitive de l'Homme impose des formes à des contenus et finalement trouve sa définition de produire les structures.

Ce dont parle Claude Lévi-Strauss correspond à l'un des aspects de ce que nous voulons mettre en évidence sous le terme neutre d’intellect (neutre au sens où il évite celui très connoté d'esprit). Il s’agit de la capacité à représenter, puis séparer, trier, classer les aspects de l’environnement concret et social de l’Homme. Cette capacité agence et ordonne selon des principes de symétrie, opposition, contraire, équivalence. Il s’ensuit un effet dans l’organisation des pratiques concrètes, tout autant que l’exercice de la pensée réfléchie.

Claude Lévi-Strauss montre qu'il existe un système d'ordonnancement qui s’applique spontanément à divers domaines dont les productions et la transmission des mythes, des systèmes de parentés, des traditions et coutumes humaines. Cet ordonnancement se met en jeu automatiquement, au quotidien, sans volonté particulière. Il est à l'œuvre dans la plupart des actions humaines et semble être universel et fondateur de la culture.

La représentation vue par le cognitivisme

Une partie de la psychologie cognitiviste (mais une partie seulement) a repris la représentation comme support des compétences. Ce sont des entités (de diverses tailles et de diverses natures), douées de propriétés (sémantiques, syntaxiques et autres), qui feraient l'objet de traitements ou processus cognitifs. Les représentations supposées par le cognitivisme ne sont pas des observables, ce sont des entités supposées à titre théorique dont les propriétés font l'objet d'une recherche empirique qui cherche à être expérimentale.

La représentation est définie comme un constituant cognitif issu des interactions de l'individu avec le monde. Les représentations dont il est question présentent les propriétés communes suivantes selon Denis (Image et cognition, Paris, PUF, 1993) : la nécessité de leur inscription sur un support ; une fonction de référence ; la nécessité d’une manipulation. Pour certains cognitivistes, le sens est identifié à des représentations qui, pour certaines, sont des concepts. On conclut alors, avec Jackendoff, que « la structure sémantique est la structure conceptuelle » (Jackendoff R., Semantics and cognition, p. 85) ; ou encore avec Langacker que « le sens est identifié avec la conceptualisation » (Langacker R., An introduction to cognitive grammar, p. 3).

Dan Sperber, tout en affichant un matérialisme de principe admet des mécanismes cognitifs de perception, de mémorisation et d’inférence, qui permettent la formation et la transformation des représentations mentales et des mécanismes interindividuels de communication. Il admet même des métareprésentations, c’est-à-dire des représentations qui portent sur des représentations, permettant des états mentaux à propos d’autres états mentaux permettant la communication (Sperber D. La contagion des idées, Paris, Ed. Odile Jacob, 1996).

La psychologie cognitive d'inspiration cognitiviste étend ses ambitions du côté de la pensée en général, voire de « l'esprit », en s'interrogeant sur les mécanismes fondamentaux de « l'esprit ». Cela tient à sa filiation avec la philosophie de l'esprit. Cette psychologie recherche une continuité dans « la manière dont la pensée émerge de l'activité cérébrale » et « d'une conception unitaire de l'activité psychologique, organisée en niveaux de traitements hiérarchisés, partant de l'analyse des signaux (les stimuli) pour s'achever avec l'élaboration de connaissances stables présentées de manière symbolique » (Launay M., Psychologie cognitive, p. 18).

Il y a là l'amorce d'un paradigme original concernant l'Homme, mais avec des ambiguïtés importantes dans l'emploi indifférent des termes de mental, esprit, pensée, cognition, esprit-cerveau. Les éléments cognitifs dont traite la psychologie cognitiviste concernent les représentations (sémantiques, spatiales, procédurales) et des divers mécanismes dans lesquels elles sont prises (catégorisation, compréhension, raisonnement). La recherche aboutit à les modéliser et à les théoriser.

2. Les caractéristiques de ce domaine

Le vaste domaine dont nous venons de donner un bref aperçu au travers des sciences humaines qui s’y sont intéressées possède-t-il des caractéristiques qui le différencient d'autres champs de la réalité ? Pour répondre, nous allons indiquer quelques-unes de ses spécificités.

Une dynamique productive

Ce domaine factuel est mouvant et dynamique, il n’existe que dans l’action qui le produit. Tout ce dont nous avons parlé a une forme d’existence transitoire liée à sa production.

Même les formes concrètes stabilisées (enregistrements, écrits, peintures, etc.) demandent une interaction humaine pour exister. Ces formes concrètes n’interagissent pas directement entre elles. Ce sont seulement des choses qui interagissent en tant que choses, mais ceci ne concerne pas notre propos. Un livre tombant sur un autre livre peut l’écorner. Cependant, cette action concrète n’a d’évidence aucun rapport avec la lecture, avec le contenu transmissible par les livres, les pensées qu'ils font naitre.

Les faits considérés ne peuvent agir directement sur d’autres faits du même type. Il n'y a pas d'interaction possible entre eux sans passage par des individus humains. Les livres ne se lisent pas entre eux, les images ne se regardent pas elles-mêmes. C'est une caractéristique spécifique de ces faits : bien que présents dans la réalité, ils n'interagissent pas directement entre eux. Le médiateur constant et indispensable est l'être humain.

On comprend alors mieux notre interrogation constante : qu’est-ce qui en l’Homme, en chaque homme, est le support de cette interaction indispensable ?

Tous les faits concernés sont liés à l’action, ils sont toujours produits par des humains, ils exigent une activité humaine. Les livres ne se lisent pas tout seuls, les conversations ne se produisent pas si personne ne parle et la pensée ne s’attrape pas avec un filet à papillon dans le ciel des idéalités. Il faut un mouvement, une dynamique humaine, ce qui les différencie radicalement des phénomènes physico-chimiques qui n’ont besoin de personne.

Des variations et une instabilité

Les langues changent et évoluent. Les enfants inventent des mots et les écrivains des formes narratives nouvelles. La pensée est sans cesse en mouvement. Sur le plan des idées en quelques années, on peut passer du géocentrisme à l’héliocentrisme, les religions déclinent pour réapparaître. Les conventions qui tentent de stabiliser les choix collectifs, elles-mêmes évoluent.

Les faits dont nous nous occupons ne ressemblent pas aux choses concrètes. Ils ne ressemblent pas non plus aux faits de type physico-chimique. Depuis Galilée, la vitesse de la chute des corps n’a pas varié et les réactions chimiques d’aujourd’hui seront celles de demain. Les faits cognitifs et la représentation ne sont pas les propriétés ou les qualités de quelque chose (quelle que soit cette chose) ; ce ne sont ni des qualités premières ni des qualités secondes du concret.

Le vivant dont l’Homme fait partie évolue, mais lentement. La pensée, les arts, les mœurs, sont liés à une dynamique se produisant au plan individuel, dynamique associée à une mise en jeu collective qui provoquent des changements comparativement rapides. Ce domaine factuel lié à l’intellection met en jeu simultanément plusieurs capacités et souvent plusieurs individus, car ces actions individuelles sont liées à la communication et à l’échange entre les personnes.

Il s’ensuit une inventivité et une créativité que l'on ne retrouve pas ailleurs. Cette caractéristique de variabilité demande des conditions particulières.

Des effets socioculturels

Les conduites humaines produisent des effets dans la réalité concrète et dans la réalité sociale. Les actions et discours produisent un effet individuel chez celui qui les perçoit : émotion, réflexion, projet de faire telle action. Une conduite individuelle engendre d'autres conduites et attitudes dans l'entourage et devient collective. Les actions pratiques transforment l’environnement au point que l’Homme crée un milieu qui lui est propre.

Ces conduites individuelles sont organisées selon une structure rationnelle ou irrationnelle, mais elles sont aussi compréhensibles par les autres individus humains. Les faits et gestes ont une finalité dont on rapporte l’origine en amont (ce qu’on appelle l’intention). Il se produit un vaste ordonnancement social à caractère symbolique. Un ensemble de règles explicites ou implicites, de manières de se conduire, de lois floues ou bien définies et codifiées.

Ces formes de réflexion et d’action constituent un néo-environnement qui est différent et distant de l'environnement naturel, un néo-environnement symbolique/fictif distancié de la nécessité immédiate. L'ensemble forme la nébuleuse culturelle qui enveloppe l'Homme de sa naissance à sa mort.

Son contenu est variable au fil du temps historique, car les connaissances et les formes symboliques se transmettent, évoluent, s’accroissent ou se perdent. Cet environnement culturel va du langage aux rites, il concerne les institutions de base comme la famille ou très vastes comme les États, il concerne les mœurs.

La plupart de ces mouvements de pensée produisent des contenus qui sont objectivés sous forme de textes oraux ou écrits, et selon des formes picturales ou musicales. Finalement, c’est toute la culture qui est concernée. Une fois produite, la transmission d’une culture implique un apprentissage et une mémorisation par la génération suivante. L’interrogation ressurgit : qu’est-ce qui en l’Homme, à chaque génération, lui permet de comprendre, de mettre en œuvre à son tour ces ensembles symbolico-culturels ?

Ceci n’a rien à voir avec l’univers naturel qui se réplique selon des lois automatiques. Les pensées et les conduites humaines ne sont pas du même type que les faits comme les changements de saison, la pousse des feuilles, la reproduction des insectes, etc. Ils ne peuvent y être comparés ou assimilés.

Un dépassement du biologique

Les faits évoqués ne sont pas non plus du même genre que les mouvements viscéraux, les réflexes, les comportements instinctifs. Ce ne sont pas des réactions à des indices, ni des comportements conditionnés devenus des automatismes. Ces conduites de réflexion, intelligentes et symboliques, manifestent un décalage par rapport aux événements qui les sollicitent.

Ce décalage est d'abord temporel (temps de compréhension, puis d’intégration, puis d’enchaînement, et enfin de réponse, le cas échéant). Ce décalage peut demander une heure ou plusieurs mois. Il peut même y avoir des effets d’après-coup (ultérieurs et à distance de l’événement) assez lointains (plusieurs années) lorsque viennent s’ajouter d’autres informations qui n’étaient pas présentes au début. Karl Popper a traité de l'une de ces caractéristiques spécifiques sous le thème de « la théorie causale de la nomination », aboutissant à l'idée qu'on « ne peut formuler de théorie physique qui rende compte selon un mode causal des fonctions descriptives et argumentatives du langage » (Conjectures et réfutations, p. 437).

Ce décalage est aussi qualitatif. Il ne s'agit pas d'une réaction au contexte. Ce traitement lent et complexe par la pensée peut engendrer une meilleure adaptation, mais aussi une désadaptation majeure aux contraintes du monde (les folies humaines). Il peut se faire sur un mode rationnel et objectif ou sur un mode imaginaire et irrationnel. Il peut s'agir de scénarios parfaitement fantaisistes qui engendrent des conduites désadaptées. Dans le temps de l’évolution individuelle, les faits de ce type apparaissent progressivement. Ils sont insignifiants à la naissance et se développent ensuite. De plus, il y a une maturation, une sagesse acquise avec l'âge qui les modifie. Ils sont variables au fil du temps individuel, ce qui tend à prouver l'existence d'un mouvement qui leur soit propre.

La question se repose de la manière suivante, qu’est-ce qui en l’Homme peut dépasser le fonctionnement biologique du cerveau sans en être coupé, séparé, mais en donnant aux conduites décrites leurs caractères très particuliers, décalés par rapport aux réactions purement adaptatives ?

3. Une réévaluation de la pensée

Une redéfinition de la pensée

L’habitude a été prise de distinguer la pensée de son expression en la renvoyant à une forme d’existence fantomatique, éthérée, situé du côté de l’esprit, du spirituel. Elle est ainsi rendue mystérieuse, et placée du côté des Idées platonicienne ou de la substance non étendue de Descartes.

La pensée ne doit pas être dissociée de son expression qui est la forme par laquelle on la saisit. C’est ce qui la rend factuelle. La pensée telle qu’on la perçoit se confond avec son expression et c’est ce qui la fait exister empiriquement. 

À partir de là, divers types de pensées sont identifiables, depuis la pensée rationnelle formalisée jusqu’à la pensée imaginative la plus débridée. Il existe différents types de pensées selon les processus cognitifs engagés et les langages utilisés. Les manières de penser mathématique, musicale, verbale ou imagée, ne sont pas les mêmes.

Qu'elle soit imaginative ou rationnelle et logique, les différents modes de la pensée suivent leur propre cheminement.

La pensée rationnelle

La pensée rationnelle a un statut particulier, dû à une possibilité de validation intrinsèque (rationnelle ou logique, établie par le raisonnement). Cette possibilité d'affirmer la vérité ou la fausseté implique une autonomie de la pensée, c'est-à-dire le fait qu'elle ne dépende que des critères qu’elle se donne. Cette forme de pensée gouverne l'activité scientifique qui de plus suit des méthodes précises et au sein de paradigmes assez stricts. On ne voit pas comment une telle activité pourrait dépendre des cerveaux des chercheurs qui sont à coup sûr tous différents. Si c’était le cas, les méthodes seraient inapplicables, varieraient sans cesse et aucune vérification ou réfutation ne serait possible.

Si un changement dans la biochimie du cerveau ou dans les circonstances environnantes occasionnait un changement dans les lois mathématiques ou les règles logiques estimées justes, il n’y aurait plus de démonstration dont on puisse dire si elle est vraie ou fausse universellement. Il n’y aurait que des opinions relatives aux circonstances.

On peut citer ici l'argumentation alerte d'André Comte Sponville :

Imaginez, par exemple, que toute pensée soit exclusivement déterminée par le fonctionnement du cerveau, donc en dernier ressort par des causes physiques (puisque le cerveau est matériel). La neurobiologie ou la physique ne seraient elles-mêmes que les effets de causes – les particules – qui ne pensent pas. Comment savoir alors si ces sciences sont vraies ? Car enfin, la pensée des astrologues, des fous ou des ignorants est aussi déterminée par leur cerveau ! Si tout est également déterminé, la conviction qu’une connaissance est vraie n’est jamais qu’un état neuronal, qui ne prouve rien. Si tout est déterminé, le déterminisme, comme doctrine, est aussi déterminé que l’indéterminisme : comment savoir lequel est vrai ? Bref, pour que l’idée de vérité garde un sens, et donc pour qu’une connaissance soit possible, il faut que la pensée ne soit pas seulement déterminée par des causes mais aussi conduite par des raisons. C’est la limite du neurobiologisme comme du physicalisme : si toute pensée se réduit intégralement à un certain état du cerveau ou de la matière, quel crédit accorder à la physique ou à la neurobiologie ? Quelle différence neurologique y a-t-il entre une idée vraie et une idée fausse ? Tous les neurologues que j’ai interrogés m’ont répondu : « Aucune ». Mais alors la neurologie est incapable de rendre compte de quelque vérité que ce soit, fût-ce de la sienne propre ! (Entretien avec André Comte-Sponville,  Vincent Citot, Le Philosophoire 2013/2 (n° 40), pages 11 à 23).

L’autonomie de la pensée rationnelle signifie que la raison se soumet à des règles qui lui sont propres. De la sorte, un domaine possédant un degré de fermeture se constitue. Comme cette autonomie ne vient pas de l'interaction des éléments logico-mathématiques entre eux (ils n'interagissent pas directement entre eux dans le ciel des idéalités), elle implique une indépendance de la capacité qui en permet le maniement. Il y a là quelque chose de spécifique.

On évoquera aussi classiquement les conduites morales. Se comporter selon des principes demande que ces principes soient identifiables et discutables par eux-mêmes. Plus largement les règles de vie en société. Un immense champ d’activités humaines est régi par des règles, des principes, qui demandent d’avoir été pensés, discutés, communiqués, établis collectivement.

Si l’action de penser était déterminée par le niveau neurobiologique, elle perdrait ses qualités et entrerait dans la catégorie des faits ordinaires. La pensée en tant que produit d’un processus neurobiologique serait une propriété de celui-ci. On constaterait, dans une perspective naturaliste, que telle pensée factuelle se produit selon tel état du cerveau dont elle dépendrait. Or, on ne peut réduire la pensée à cette dépendance épiphénomènale, car ses caractéristiques montrent qu'elle y échappe.

Nier l’autonomie de la pensée est une impasse de la modernité créée par la volonté de naturaliser l’Homme pour échapper à l’idéalisme et au spiritualisme jugés inacceptables sur le plan métaphysique. La validité des raisonnements demande une autonomie de ce qui les produit, les valide ou les réfute. Si un champ propre de détermination de type cognitif n’existait pas, la pensée serait déterminée par le fonctionnement du cerveau et elle n'aurait pas de validité intrinsèque.

La pensée suit un ordre qui n’est pas causal. On peut rappeler le raisonnement de Donald Davidson concernant les événements mentaux : « … il n'y a pas de lois déterministes strictes à partir desquelles on puisse prédire et expliquer la nature exacte des événements mentaux » (Actions et événements, p. 279). À partir de cette constatation, il est impossible d'évoquer une détermination causale par des états physiques. Mais, plus généralement, les processus d'enchaînement de type cognitif et représentationnel suivent des règles qui leur sont propres et ne peuvent être formulés en termes de causalité.

La question se repose : qu’est-ce qui génère en chaque homme cette capacité à penser de manière autonome et à se comporter selon des règles qu’il se donne individuellement et collectivement ? Quel support pourrait permettre l’autonomie de la pensée et des conduites régies par des principes ?

La complexité est présente d’emblée

Les faits de pensée associent généralement quatre aspects à divers degrés : ils sont conscients, ils comportent un jugement, ils jouent sur la représentation, ils mobilisent le langage, ils sont intentionnels, ils suivent des règles qui leur sont propres, ils sont potentiellement reproductibles chez autrui. On trouve toujours ces caractères, à des degrés divers, dans les diverses manifestations que nous avons évoquées ci-dessus et leur association leur donne une spécificité indéniable.

La perception, le plus simple des faits à considérer dans ce domaine, comporte ce qu'on nomme conscience. La personne sait qu'elle perçoit quelque chose, elle y prête attention. Cela s’accompagne toujours d'une activité cognitive telle que l'utilisation de catégories (espace et temps) et de jugements (réalité ou illusion du perçu). À ce jugement s'en ajoutent d'autres en nombre indéfini (c'est dangereux, c'est intéressant, etc.). La perception implique un redoublement de la sensation dans la mémoire, une persistance hors du contexte immédiat, ce que nous nommons représentation qui est une présentation différée réutilisable. Généralement, la perception s’accompagne d'une nomination (de la chose perçue), parfois d'une expression et d'une série de pensées. Elle peut être indiquée à autrui par un geste, un son, évoquée par une phrase la décrivant.

L’élément le plus simple possible du domaine concerné comme une perception est déjà extraordinairement complexe et met en jeu des capacités diverses. Cette liaison entre capacités diverses n'est pas anecdotique. Elle demande une puissance synthétique considérable concernant des aspects très abstraits comme le jugement, la conscience, etc. Ici aussi, on peut assez légitimement supposer un échappement au déterminisme biologique dont ne voit pas par quel processus il permettrait une telle synthèse. Cela implique comme caractéristique particulière la liaison et l’interconnexion entre des capacités diverses et nombreuses.

4. Quelle genèse pour ces capacités ?

Un domaine factuel particulier et irréfutable

Les faits de pensée, d'action et de création sont le plus souvent conscients, intentionnels et représentatifs. Ils sont de plus liés aux langages et plus généralement aux systèmes sémiotiques utilisables (verbal, imagé, musical, etc.) et ils sont dirigés par des processus cognitifs, dont certains sont rationnels et d'autres non. Ils ont une ampleur et une importance majeures pour l'Homme ; partageables et partagés par une bonne partie de l'humanité, ils constituent un néo-environnement qui enveloppe la vie humaine.

Il se constitue là un vaste domaine de la réalité qui présente une certaine homogénéité, car il est pourvu de traits singuliers qui le différencient d'autres domaines identifiables, comme le domaine physique, chimique ou biologique, identifiés par des sciences empiriques correspondantes.

Nous avons évoqué ce domaine grâce à la philosophie et aux diverses sciences de l’Homme, telles que la linguistique, la psychanalyse, la psychologie de la connaissance, l'anthropologie, le cognitivisme, qui l’étudient et mettent en évidence ces capacités humaines spécifiques. Prises toutes ensemble, ces disciplines correspondent à un immense champ factuel bien particulier, qui mérite d'être identifié et accrédité comme champ de recherche. Nous l’appellerons le domaine de l’intellection humaine ou encore champ cognitif et représentationnel, tout en reconnaissant le caractère disgracieux de ces appellations.

Quelles capacités pour réaliser cela ?

Si l'on récuse les réponses selon lesquelles ce domaine de l’intellection serait celui de « l’esprit » comme entité substantielle à connotation métaphysique, plus ou moins en rapport avec les idéalités platoniciennes, ou avec celle d’un « Monde 3 » à la façon de Karl Popper, la question devient : qu’est-ce qui en l’Homme (dans ce qui le constitue) produit les faits évoqués ci-dessus ? Qu'est-ce qui en chaque individu humain peut générer les faits de pensée d’intelligence, d’imagination, de langage, que globalement, nous nommerons capacités d’intellection (intellectuelles au sens large, capacités à la fois cognitives et de représentation) ?

Il n'y a que deux réponses raisonnables : le support individuel de ces capacités spécifiquement humaines est soit de l’ordre du champ biologique (et plus spécifiquement de la neurophysiologie cérébrale), soit de l’ordre d’un niveau d'organisation possédant un degré de complexité supérieur au neurobiologique. La question n'est à ce jour pas tranchée. Si on estime que la biologie du cerveau est suffisante pour les expliquer, le problème est résolu. Mais si cette explication s’avère insuffisante, le problème reste à traiter. L'autonomie de la pensée laisse alors supposer qu'elle ait un fondement qui lui soit propre. C'est là une hypothèse ontologique qui a une conséquence anthropologique. Chez l’Homme émerge probablement un niveau cognitif qui lui et propre et le singularise.

Conclusion : un Homme différent

Nous aboutissons à un schéma anthropologique nettement différent de celui des diverses anthropologies philosophiques ou culturelles traditionnelles. Il laisse de côté la dichotomie corps ‒ esprit. Il n'y a donc pas de fantôme (d'esprit) à introduire dans la machine (selon l’expression de Gilbert Ryle) ou à chasser (selon le point de vue matérialiste). Le propre de l’Homme, ce qui le distingue des autres espèces présentes sur Terre, c’est l’immense savoir accumulé de génération en génération. C’est la techno-culture dont il s’entoure et qui le met à distance de l’environnement naturel. Cet ensemble demande pour se constituer des capacités intellectuelles spécifiques. Leur fondement ontologique est probablement un niveau de complexification spécifique aux humains, le niveau cognitif.

 

Voir aussi l'article : Ontologie du cognitif

 

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L'auteur :

Patrick Juignet