Revue philosophique

La langue de bois dont il est question ici est un discours pour ne rien dire. L'utilisation de la langue de bois est l'un des symptômes des difficultés que traverse la démocratie. On peut et on doit la critiquer, mais on peut aussi la tourner en dérision. Prenons donc ensemble un  cours de langue de bois ...

 

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L'exemple de langue de bois donnée dans le tableau correspond à une rhétorique combinatoire d'éléments de langage qui peuvent s'assembler de diverses manières. La syntaxe sera toujours correcte et le résultat toujours le même : on peut ainsi ne rien dire, endormir l'auditoire, l'empêcher de penser de manière lénifiante.

Il ne s'agit pas de mensonges, de fausses nouvelles, de travestissement des évènements. Cette langue de bois là ne dit rien de faux, puisqu'elle n'affirme rien de précis. Par opposition on pense au parler franc, à la parrêsia en grec ancien. Cette langue pour ne rien dire est en quelque sorte l'inverse de la parrêsia.

Le terme παρρησία, parrêsía (« parler de tout »), composé de πᾶν (« tout ») et de ῥῆσις (« discours ») a plusieurs sens. Nous n'en évoquerons que deux, le sens général et le sens politique.

Exercer la parrêsia, c'est parler de tout avec franchise, c'est dire ouvertement ce que l'on pense, sans le travestir. On notera que cette franchise ne vaut pas vérité (on peut se tromper).

Dans le cadre de la démocratique athénienne, la parrêsia est un droit politique qui permet aux citoyens de prendre franchement la parole à l’Assemblée. La παρρησία représente en quelque sorte l’idéal démocratique des Athéniens. Ce qui implique de dire quelque chose de précis et parfois de dire ce qui fâche, d'où l'association de la parrêsia avec le courage.