Philosophie et actualité
La revue Philosophie, Science et Société propose une réflexion philosophique dans un langage clair et accessible. Elle publie des articles conformes aux standards de la recherche universitaire, des articles didactiques et de courtes notes d'actualité. L'audience est internationale. La consultation du site a été en moyenne de 1 500 000 pages par mois en 2023. La philosophie proposée ici est rationnelle et réaliste. Elle concerne le Monde, l'Homme, la Société, les Sciences et l'Histoire des idées. En matière humaine, sociale et politique, elle reste neutre et distanciée, espérant ainsi gagner en crédibilité. Voir les mentions légales
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- Écrit par : Philosophia Scientiæ
Personne ne nierait que les chats se ressemblent sous un grand nombre de rapports, ni ne douterait du fait qu’ils ressemblent plus aux chiens qu’aux bactéries. Il semble légitime de croire que c’est en vertu d'une similarité d’ensemble que nous pouvons dire que certains individus appartiennent à une même espèce. Ces intuitions partagées suggèrent que la ressemblance jouerait un rôle sur le plan épistémique. Elle sous-tendrait nos classifications et taxonomies, et serait à la source des raisonnements analogiques et inductifs.
Cette place de la ressemblance dans le discours ordinaire et scientifique appelle des hypothèses métaphysiques ou ontologiques. Pour certains, nos jugements de ressemblance seraient ultimement dépendants de (et justifiés par) une organisation intrinsèque de la réalité. Il y a, en épistémologie et en philosophie des sciences, un écho direct à ces discussions sur le concept de ressemblance. Toute démarche inductive a partie liée avec le repérage de régularités qui se jouent au niveau des phénomènes naturels. Il revient ainsi au scientifique d’identifier des événements qui se répètent et donc de définir – sinon de construire – un format pour la ressemblance signifiante. Souvent, le scientifique doit prendre des décisions normatives – tout à la fois pratiques et théoriques - relativement au type de ressemblance retenu comme pertinent dans un contexte donné et dans une discipline particulière. Mais, que faire de telles décisions ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Donald Trump décide qu’il n’y pas de réchauffement climatique. Le gouvernement de Matteo Salvini déclare les vaccins dangereux et les usines d’incinération inutiles. Les syndicats agricoles déclarent que le glyphosate et autres herbicides/pesticides ne sont pas nuisibles à la santé. Les exemples de ce type sont innombrables. Des responsables politiques donnent leurs opinions pour vraies, contre le savoir acquis scientifiquement.
Les efforts faits depuis le siècle des Lumières pour asseoir la réflexion et les pratiques sur un savoir scientifiquement fondé finissent par être discrédités. Il n’y plus de vérité, on ment sans honte et avec aplomb. Plus besoin d’argumenter, il suffit d’affirmer ; l’arrogance et la suffisance remplacent la connaissance.
L’opinion sans fondement s’affirme en face des savoirs fondés scientifiquement. Il s'agit de faire valoir ce qui arrange sur un plan économique, ce qui satisfait des intérêts politiques ou financiers. Il s’agit de faire valoir une opinion et le plus fort médiatiquement a raison. Que nous soyons tombés aussi bas au XXIe siècle en Occident après tant d'efforts de moralisation et de rationalisation de la vie publique est désespérant.
Stupéfiante évolution civilisationnelle ! Comment cela peut-il être accepté ? On peut y voir la faillite d’un système éducatif qui a négligé d’enseigner ce que sont le sérieux, la vérité, la validité des savoirs, la vérification de faits, la connaissance scientifique. On peut y voir aussi aussi les effets dissolvants du scepticisme post-moderne et le retour à la vieille confusion entre vérité et opinion majoritaire ou idées imposées autoritairement, confondant ainsi la vérité et la volonté des puissants.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Depuis la déclaration de Singapour sur l’intégrité scientifique en 2010, la communauté scientifique internationale se mobilise pour que les exigences méthodologiques et éthiques de la recherche soient plus clairement affirmées. En effet, le contexte de course à la nouveauté et l’introduction d’une logique concurrentielle renforcée, contraires à la démarche scientifique, multiplient les risques de dérive.
Les différents organismes de recherche en France ont multiplié les initiatives et leur convergence a conduit à la signature de la charte de déontologie des métiers de la recherche par la Conférence des Présidents d'Universités et les principaux organismes en janvier 2015. À la suite du rapport remis par le Pr. Pierre Corvol en 2016, "Bilan et propositions de mise en œuvre de la charte nationale d’intégrité scientifique", plusieurs décisions ont été prises, notamment :
- les écoles doctorales doivent veiller à ce que les doctorants bénéficient d'une formation à l'éthique et à l'intégrité scientifique,
- les établissements ont nommé un référent à l'intégrité scientifique,
- un Office français de l'intégrité scientifique a été installé en 2017 auprès du HCERES.
Il existe des manquements à l'intégrité scientifique. Les fraudes telles que la fabrication de données ou la falsification de résultats, ou encore le plagiat, restent exceptionnelles. Ce qui pose aujourd'hui problème, ce sont les petits manquements tels que les méthodologies mal adaptées, les séries de résultats insuffisantes pour être probantes, les annonces excessives par rapport à ce qui est effectivement démontré, les extensions et extrapolations douteuses.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Accessible gratuitement et librement en ligne, en français et en anglais, L'Économie est une encyclopédie résultant d’un travail collectif réunissant, depuis 2013, des centaines d’économistes de toutes nationalités, parmi lesquels nombre des grands noms de la discipline autour d’une équipe de 23 rédacteurs.
Le cadre d’analyse de L’Économie demeure entièrement néoclassique. Pour chacune des questions économiques de base (travail, chômage, entreprise, monnaie, etc.), l’interprétation proposée est standard-traditionnelle. Aucune place n'est faite au pluralisme. C'est un choix qu'il faut connaître lorsqu'on la lit.
La théorie a perdu sa primauté dans l’administration de la preuve, et même dans l’argumentation générale qui est proposée. Il est significatif à cet égard que les auteurs ne définissent jamais leur travail par référence à une tradition de pensée spécifique. Pour les très nombreux auteurs rassemblés dans cet ouvrage, le capitalisme ne demande plus à être justifié parce qu’il n’a plus d’adversaire reconnu, il règne sans rival d’un bout à l’autre de la planète.
Si d'évidence une économie sans capital est devenue impossible, la gestion privée du capital en vu d'un profit qui l’accroît sans cesse et l'inféodation des entreprises à ce but est un aspect discutable complètement passé sous silence. Le profit est vu comme ce qui reste aux propriétaires d’entreprise lorsqu’ils ont payé ce qu'ils doivent, un « résidu » nous est-il dit. Selon nous, le profit n'est pas un résidu, mais un moteur dans cette forme de gestion du capital qui empêche le partage des bénéfices.
Voir l'ouvrage en ligne : L'Économie