Philosophie et actualité
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- Écrit par : Patrick Juignet
Esquisse de l'épistémè moderne
Dans la modernité, le monde est devenu naturel et explicable. Le naturalisme exclut de la réalité la possibilité de causes occultes, de providence ou d’interventions divines ; il considère que le fonctionnement de la nature est autonome.
Cette manière de voir le monde, ce récit philosophique naturaliste, est né avec le XVIIe siècle et il a eu des développements divers. Ce naturalisme est rationnel, il considère que l’Univers est déterminé et exempt de surnaturel, si bien que la raison humaine est susceptible de l’expliquer entièrement.
Cependant, cette épistémè a pour inconvénient de couper involontairement le monde en deux, car l'Univers naturel est connu et expliqué par un sujet pensant, un esprit, qui n'en fait pas partie et le surplombe. La coupure du monde, qui impose une ontologie dualiste est un problème, car, outre les objections philosophiques que l'on peut y faire, elle produit certains inconvénients pour la connaissance scientifique.
Voir : Une esquisse de l'épistémè moderne
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- Écrit par : Patrick Juignet
La notion d'anomie, forgée par le sociologue Émile Durkheim, désigne la situation qui survient lorsque les règles sociales sont incompatibles entre elles ou qu'elles sont minées par les changements économiques et idéologiques.
Dans son ouvrage De la division du travail social et le Suicide, Émile Durkheim considère l'anomie comme une pathologie sociale. Cette idée de pathologie sociale est intéressante ; elle contraste avec le relativisme que l'on a vu se développer ensuite en sociologie. Le terme de pathologie note quelque chose de défavorable, qui produit une souffrance individuelle et un dysfonctionnement collectif. Autrement dit fonctionnement et dysfonctionnement social ne sont pas considérés comme équivalents au titre d'une complète neutralité de la sociologie, même si Durkheim revendique une neutralité axiologique pour la sociologie.
Lorsque les sociétés évoluent, le changement provoque des troubles dont souffrent les hommes. Cette souffrance anomique vient de l'absence de règles communément admises, si bien que les liens qui rattachent l’individu à la société se désagrègent. Durkheim voit comme cause d'anomie, à la fin du XIXe siècle, un développement techno-économique trop rapide pour que la société s'adapte.
De nos jour, du fait de la mondialisation de l'économisme ambiant, on assiste à un changement du type décrit par Durkheim. On constate à la fois un brouillage idéologique, un changement de mœurs et un recul des valeurs admises, qui conduisent à une relative déstabilisation de l'ordre social : les lois et les règles en cours, le système politique, ne semblent plus garantir la régulation sociale. On peut aussi parler de vide idéologique, symptôme de la post-modernité qui a été identifié, entre autres, par Gilles Lipovetsky qui décrit en 1983 « l’ère du vide » (voir l' Entretien avec Dany Robert Dufour).
Le terme d'anomie est peu connu, mais il parait bien adapté aux dérèglements qui nous touchent actuellement. De nos jours, le vide idéologique et le brouillage des repères, bref l'anomie, ouvrent la porte aux idéologies simplistes populistes et extrémistes. De fait, nous les voyons prendre de l'ampleur en ce début de XXIe siècle. Plutôt que de les dénoncer, il vaudrait mieux s'attaquer à l'anomie qui les favorisent.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Au début des années 2000, la conception des génomes comme des machines à produire des protéines a été rendue caduque par la découverte inattendue dans les cellules d’une myriade d’ARN non traduits en protéines : les ARN non codants. Les recherches sur ces ARN, qui assurent des fonctions régulatrices majeures au sein des cellules, ont profondément modifié la représentation que les biologistes se font des propriétés de l’ADN et des processus cellulaires.
Cet ouvrage se propose de retracer l’histoire, tant fascinante que complexe, des travaux qui ont mis en lumière le rôle régulateur des ARN. Au-delà de cette perspective historique, l’auteur poursuit un projet plus ambitieux : celui de montrer que l’étude des ARN non codants accompagne, voire catalyse, certaines transformations théoriques, conceptuelles et épistémologiques majeures affectant la biologie moléculaire contemporaine.
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- Écrit par : Patrick Juignet
« La simplicité est la sophistication ultime. » (Leonardo da Vinci)
« Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable. » (Paul Valéry)
« Vous pouvez toujours reconnaître la vérité par sa beauté et sa simplicité. » (Richard Feynman)
L’appréhension des phénomènes complexes est un enjeu décisif pour le développement de la rationalité scientifique. Cependant, la science continue de fonctionner par application du principe de simplicité : sans simplification, point de science. Les progrès des sciences passent, en effet, presque toujours par une recherche de la plus grande simplicité explicative. A-t-on affaire ici à une opposition entre un monde complexe et des explications toujours trop simples, comme le suggère Valéry ? Cet antagonisme ne serait-il pas plutôt la conséquence du choix d'un paradigme insuffisamment évolué ?