Philosophie et actualité
La revue Philosophie, Science et Société propose une réflexion philosophique dans un langage clair et accessible. Elle publie des articles conformes aux standards de la recherche universitaire, des articles didactiques et de courtes notes d'actualité. L'audience est internationale. La consultation du site a été en moyenne de 1 500 000 pages par mois en 2023. La philosophie proposée ici est rationnelle et réaliste. Elle concerne le Monde, l'Homme, la Société, les Sciences et l'Histoire des idées. En matière humaine, sociale et politique, elle reste neutre et distanciée, espérant ainsi gagner en crédibilité. Voir les mentions légales
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- Écrit par : Patrick Juignet
Certains envisagent déjà l'avenir, l'après de la crise que nous traversons. Les uns y voient l'occasion d’un changement radical, d’un nouveau départ comme Joseph Confavreux :
«Je le dis en tant qu’historien et avec une franchise qui peut paraître brutale : l’ampleur du choc économique et social, mais aussi politique et moral, me paraît nous mener vers une période tout autre.»
Pour d’autres, rien ne change ! Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef a déclaré le 13/4 sur BFM TV qu’il :
« faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire ... l'important, c'est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse ».
Le propos a été relayé par des membres de la majorité politique. Pour ceux-là, aucune leçon à tirer, rien à apprendre, rien à changer sur le modèle de développement productiviste néolibéral. Il y a une volonté de ne rien savoir, pour ne rien changer.
Le Président de la République dans son discours parle lui aussi de « préparer l'après » et avance l'idée de changer, de « se réinventer » :
« Notre pays aujourd'hui tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. Les distinctions sociales ne peuvent être justifiées que sur l'utilité commune* ... Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies et nous réinventer. Moi le premier. »
Peut-être Emmanuel Macron a-t-il appris de cette crise et est-il disposé à modifier son orientation politique ? Peut-être a-t-il pris conscience des limites de son idéologie ?
* L'article 1er de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
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- Écrit par : Patrick Juignet
"Science ouverte ! Ce devrait donc être un pléonasme, mais cela fait des décennies que cela ne l’est plus. Comment en est-on arrivé là alors que pendant des siècles la communauté scientifique avait réussi à échanger, à s’organiser à travers de multiples réseaux ? " écrit Bruno DAVID (La science ouverte : refaire circuler le savoir librement).
Je le cite à nouveau :
"Après avoir demandé aux scientifiques, la plupart du temps payés par les pouvoirs publics, d’écrire leurs articles, de les éditer, de valider gratuitement ceux de leurs pairs, puis de payer pour les lire, les éditeurs ont aussi souhaité faire payer pour publier, simplement en proposant des accès facilités et accélérés à la publication contre rétribution. Bref, une forme d’asservissement consenti s’est installée, où il fallait passer trois fois à la caisse.
À trop vouloir gagner, un vent contraire s’est levé, celui de la science ouverte."
Un comité de pilotage pour la science ouverte a été mis en place par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Pour en savoir plus, visitez le site Ouvrirlascience.fr
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- Écrit par : Patrick Juignet
« C’est grâce à la science et à la médecine que nous vaincrons le virus »,
a écrit sur tweeter Emmanuel Macron, le 24 mars, découvrant tardivement la vertu de ces disciplines malmenées par son gouvernement, mais aussi par les précédents, ne l'oublions pas. C'est une conséquence de l'idéologie ambiante.
Après les difficultés du système de santé, maintenant qu’on en est au stade de la recherche de remèdes (médicaments, vaccins contre le Covid-19), les difficultés de l’institution scientifique apparaissent. La recherche fondamentale de long terme mobilisable et utile dans cette crise est en pénurie, elle-aussi, depuis longtemps.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le vendredi 6 mars 2020 au soir, Emmanuel Macron va au théâtre. L’affaire est médiatisée dans le but d'inciter les Français à continuer à sortir, malgré l'épidémie de coronavirus : « La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie », a-t-il déclaré (rapporté par Jean-Marc Dumontet, propriétaire du théâtre Antoine, et Paul Larrouturou, journaliste) (source : bfmtv.com).
On s’étonne a posteriori. Comment une telle bévue a-t-elle été possible ? L’explication arrive une semaine plus tard. Gilles Pialoux, chef de service en maladies infectieuses nous explique qu’au début on a cru à une grippe. Est-il sérieux de croire à ceci ou à cela ? On a cru à une grippe et pourtant l'exemple chinois montrait que ce n'en était pas une.
Concernant la pénurie de masques, le gouvernement a nié ou éludé la question. De toutes les façons, le port génralisé du masque serait inutile. Changement de discours sur le port du masque le 4 avril. Il serait maintenant utile, pourtant le ministre de la santé et la porte-parole du gouvernement nous avaient affirmé catégoriquement qu'il ne l'était pas. Le gouvernement a menti ou affirmé sans savoir, comme il a menti au sujet de la pénurie.
Quelque chose ne va pas dans la société contemporaine par rapport à la vérité. On suppose, on croit, on affirme sans preuve et ça suffit. Croire comme les religieux, « avoir des intuitions » comme Donald Trump, sans s’informer, sans vérifier, et affirmer publiquement, c’est mépriser la rigueur et l'honnêteté. La vérité est assise sur une démonstration ou un contrôle empirique. Nous vivons dans un climat de croyance, de propagande, de fake news, de langue de bois politique, de post-vérité, en gros de manque de sérieux généralisé.
La vérité est une manière de penser qui impose de vérifier, de renoncer à l’opinion, à l’intuition, à la croyance, au profit de la rationalité et de l’appui sur des faits contrôlés. Mais cela demande des moyens d’information fiables et des études scientifiquement valides. La pandémie de Covid-19 révèle ce que l’on savait déjà : la perte du sens de la vérité au profit de l’opinion.
Pour aller plus loin : Épidémie de Covid-19 : savoir et politique