Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Causalité, matérialisme, mécanique quantique
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- Écrit par : Patrick Juignet
Historiquement, on peut se rendre compte que l’interprétation causale de la mécanique quantique a été motivée par le matérialisme de certains physiciens. En effet, aux alentours des années 1950, le groupe de physiciens impliqués dans le programme causal (autour de Jean-Pierre Vigier et Louis de Broglie à l’Institut Henri Poincaré) était majoritairement constitué de sympathisants communistes.
Leurs travaux sont influencés par les critiques soviétiques contre l’interprétation dominante de la mécanique quantique dite de « Copenhague ». Jean-Pierre Vigier, en particulier, déplore l’abandon du réalisme scientifique en faveur d’une attitude positiviste. Cela montre qu'il y a des interactions entre les recherches scientifiques et les présupposés philosophico-idéologiques que l'on peut situer comme un arrière-plan sur fond duquel se déroule les recherches.
Cet arrière-plan est formé de grands principes qui sont d'une part, les idées qui conditionnent la démarche de connaissance (réalisme ou positivisme) et d'autre part, l'ontologie utilisée (les présupposés concernant le réel, ici le matérialisme). Ces principes sont "premiers", au sens où ils influent sur l'ensemble de la recherche (ils l'orientent). Ils font partie de ce qui constitue le socle épistémique d'une science.
Ces principes sont souvent implicites et nécessitent alors d'être mis à jour. Par contre, dans le cas de la mécanique quantique des années 1950, ils ont été clairement exposés et débattus.
Néolibéralisme : Bourdieu-Foucault
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- Écrit par : Patrick Juignet
Christian Laval, dans son ouvrage de 2018, Foucault, Bourdieu et la question néolibérale, nous offre une comparaison entre les approches faites par Michel Foucault et Pierre Bourdieu de ce fait social global. Pierre Bourdieu et Michel Foucault partagent l’idée que la transformation néolibérale de la société qui est en train de s’opérer correspond à un moment historique. Elle comporte deux versants : la transformation de l’homme en homo œconomicus (humain voué et dévoué à l’économie) et la levée des règles, lois, freinant le marché, ainsi que la construction de nouvelles normes, de nouvelles institutions. Ils abandonnent l’idée marxiste d'un mouvement premier et autonome de l’économie, considérant que cette transformation néolibérale procède d'un levier politique et d'une action institutionnelle, normative et symbolique.
Il y a cependant des différences importantes entre les deux auteurs. D’après Bourdieu, le néolibéralisme est un dogme, issu d'une fausse science économique (l’équilibre général de Walras). Cette théorie s’est transformée en un projet de gouvernement mondial des oligarchies économico-politiques. Pour Foucault, les théories néolibérales ne sont ni vraies, ni fausses, elles sont des discours normatifs et des techniques de gouvernement. Christian Laval s’accorde avec Foucault pour dire que le mode de gouvernement néolibéral passe par la modification des normes sociales. Les règles imposées transforment la réalité sociale des individus qui ont pour seule ressource de s’y adapter. Laval insiste sur le ressort utilitariste de ce type de gouvernement qui passe par l’intérêt des personnes pour les diriger.
Laval Christian, Foucault, Bourdieu et la question néolibérale, Paris, Éditions de la Découverte, 2018.
Pour une présentation neutre du néolibéralisme, voir l'article :
De l'idéologie néolibérale à la pratique de gouvernement
Réseaux sociaux espions
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- Écrit par : François Parisien
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Lire l'article : Open access, libre accès, science ouverte