L'Homme ne vit pas dans le concret, mais dans une vaste rumeur discursive qu’il fabrique individuellement et collectivement. Il produit et se nourrit intensément de récits de toutes sortes : mythes, légendes, religions, idéologies, propagandes, fictions, récits, faits-divers, etc. L’Homme vit avec, dans et au travers, cet univers fictionnel à partir duquel il bâtit une vie sociale qui elle-même s’en nourrit. Cet univers sémiotique ruse avec la réalité concrète et sociale et, en même temps, la transforme, si bien que la séparation des deux devient parfois impossible.
Ce n’est pas un brouillard qui ne demanderait qu’à se dissoudre devant la vraie réalité. il existe par lui-même avec une grande force et s’intègrent à la culture au sens large (normes, règles, langage, lois, idéologies, imaginaires, arts, sciences et techniques) qui, elle-même, permet l’interaction collective, l’échange et, par voie de conséquence, la socialisation. On peut aussi dire comme François Rastier que le sémiotique « est une part essentielle de l’environnement humain en quelque sorte un milieu ».
L’idéologie et la propagande tiennent une place importante dans ce tourbillon géant. Aldous Huxley et surtout George Orwell en ont dénoncé les formes perverses. Ce dernier, dans ses livres La Ferme des animaux et 1984, a dénoncé l’utilisation du mensonge, des fausses nouvelles, de la falsification de l’histoire et des slogans contradictoires pour inhiber la pensée. Les propagandes totalitaires utilisent ces procédés et manipulent efficacement les populations.