Le terme de phénoménologie apparaît avec Jean-Henri Lambert au milieu du XVIIIe siècle pour désigner la doctrine de l’apparence. Il est repris par Emmanuel Kant pour désigner le savoir portant sur les caractères généraux des phénomènes.

On utilise parfois le terme phénoménologique pour désigner une approche de la réalité qui cherche à être purement empirique et descriptive, mais qui n'est pas objectivante, car, dans ce dernier cas, on parle plutôt d'enquête, ou d'étude clinique, ou d'observation.  

Georg Wilhelm Friedrich Hegel publie, en 1807, une ambitieuse Phénoménologie de l’esprit, œuvre qui se veut l’histoire du développement progressif de la conscience s’élevant de la sensation jusqu'à la raison universelle ou encore vers le savoir absolu. Il se place dans le cadre idéaliste d’une réalisation progressive de l’Esprit au travers de l’histoire humaine.

C’est avec Edmund Husserl que le terme prend le sens actuel d’une doctrine philosophique fondée sur la méthode phénoménologique. Dans les Méditations cartésiennes, il poursuit et radicalise le geste cartésien de mettre entre parenthèses l’existence du monde concret pour entrer dans « l’épochè phénoménologique ». Par cette méthode, la pensée se tourne vers l’essence qui se manifeste dans la conscience grâce à l'intuition eidétique (Idées directrices pour une phénoménologie).

Par opposition à la métaphysique traditionnelle qui pense le monde a priori à partir d’idées, il s’agit de retourner aux « choses mêmes » et d’accéder aux essences par l’intuition, à l’occasion d’exemples singuliers. L’enquête phénoménologique met entre parenthèse la réalité objectivée pour s’en tenir au registre du subjectif. Après Husserl, des interprétations diverses et moins abstraites ont pris le relai. 

Selon Paul Ricœur (Étude sur les Méditations Cartésiennes de Husserl, Revue Philosophique de Louvain), « la philosophie transcendantale de Husserl est une philosophie du « sens » : sens perçu, sens imaginé, sens voulu, sens éprouvé affectivement, sens jugé et dit, sens logique. « Le monde pour moi, c'est le sens du monde en moi, le sens inhérent à mon existence, et, finalement, le sens de ma vie ».

L'approche phénoménologique Husserlienne se heurte à un problème fondamental. Pour Michel Henry « Autant d’apparaître, autant d’être » (M. Henry, « Quatre principes de la phénoménologie », Revue de métaphysique et de morale, 1991.). Les phénomènes intuitionés seraient « les choses-mêmes ». Cela implique un réalisme ontologique naïf : en accueillant les phénomènes, on accéderait à l'être. On suppose que la réceptivité serait l’essence de la perception, alors c'est une activité aux résultats incertains.

Entre l'approche husserlienne abstraite visant les essences par réduction éidétique et les courants phénoménologiques voulant saisir immédiate les phénomènes pour accéder à l'être, les différences sont énormes. Le point commun tient au refus de l’objectivité, qui demande de faire abnégation de ses prétentions à connaître immédiatement et intuitivement.

La phénoménologie a eu intérêt en psychopathologie, car elle a pris une forme particulière visant à comprendre et d’interpréter le vécu, c'est-à-dire la subjectivité et l'intersubjectivité. Cette attitude a été développée par Karl Jaspers. Mais ce n’est que le début de la démarche qui doit prendre de la distance avec elle-même et s’objectiver (par l'attitude dite « clinique »).