Écrit par : Patrick Juignet

Selon John Locke, les idées correspondent à « tout ce qui est l’objet de notre entendement lorsque nous pensons ». Les idées s’interposent-elles entre l’esprit et l'environnement concret (notre perception des choses étant biaisée par les idées), ou correspondent-elles à la manière dont les objets extérieurs apparaissent à notre esprit ? Dans le premier cas, notre entendement est faussé par les idées, car nous ne pouvons pas vérifier leur ressemblance avec l'environnement concret. Inversement, si les idées correspondent à la manière dont les choses se présentent à notre esprit, elles sont une source fiable d'information. Dans le premier cas, un doute sceptique s'installe et dans le second cas c'est l'option empiriste qui prévaut :  il existe un environnement concret extérieur à notre esprit et la perception nous permet de le connaître.

Philippe Hamou distingue divers emplois du mot idée, terme dont l'acception est réputée très floue chez Locke. Il distingue une définition empiriste (l’idée comme l’effet de l’impression d’un objet sur nos organes sensoriels), une définition sémiotique (l’idée comme signe d’un état du monde), et une définition purement phénoménale (l’idée comme état de conscience, manière d’être affecté).

Les sept articles d'auteurs différents réunis dans l'ouvrage proposent un débat sur Locke et son Essai sur l'entendement humain autour du thème idées, perception et réalité. Ils articulent l'approche historique et contextuelle, qui vise à restituer l’intention philosophique de Locke avec une approche qui pose le problème en général. L'histoire n’exclut pas la prise en compte de la logique interne des problèmes et les auteurs montrent que l'on peut articuler reconstruction historique et reconstruction rationnelle.

Philippe Hamou, Idées, perception et réalité. Essais sur Locke, Ithaque, Paris, 2021.