Revue philosophique

Attente pour les patients, soins reportés, suivi et dépistage insuffisants, épuisement du personnel, conditions de travail difficiles, rémunérations bloquées… La médecine en France va mal ! L’origine du mal est connue, le remède difficile à trouver.

Pour faire face à l’augmentation de l’activité avec son corollaire d’augmentation des dépenses, divers procédés ont été utilisés. Dans les établissements de santé (hôpitaux et cliniques), les tarifs des séjours ont régulièrement baissé depuis l’instauration de la Tarification à l’Activité dite T2A. Pour pouvoir maintenir leurs ressources, ces établissements sont contraints d’augmenter la productivité (faire plus avec moins ou autant). Les honoraires des libéraux ont été bloqués et le nombre de médecins limité à l'excès (numerus clausus pour les étudiants). Cela ne va pas sans conséquences fâcheuses et même inadmissibles.

Les remèdes possibles sont doubles : avoir une meilleure organisation, mais qui ne soit pas bureaucratique-managériale, fondée uniquement sur la productivité, et trouver plus d’argent sans mettre l’État et l’Assurance Maladie en déficit. Un début de solution a été trouvé en Juillet 2020, puisque 7,5 milliards d’euros supplémentaires seront prévus au budget annuel de l’hôpital à partir de 2022. Beaucoup reste à faire. C'est un état d'esprit à changer : l'hôpital est fait pour soigner pas pour être rentable.

Depuis 30 ans, pour réduire les dépenses, les gouvernements successifs ont lancé des dispositifs toujours plus contraignants comme le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) ou la tarification à l’activité (T2A). Depuis une vingtaine d’années, l’ONDAM alloue aux hôpitaux publics des budgets systématiquement inférieurs aux besoins réels, afin « d’optimiser les dépenses ».

Les conséquences sont néfastes. Entre 2002 et 2018, 69000 lits d’hôpitaux ont été supprimés, le manque de liquidités a poussé les hôpitaux à se financer auprès des banques, faisant passer leur endettement de 9 à 30 milliards d’euros entre 2002 et 2013. Le salaire des personnels soignants sont parmi les plus bas de l’OCDE. Et bien que la durée maximale de travail soit fixée à 48 heures par semaine par l’Union européenne, souvent les soignants sont dans l’incapacité de respecter cette limite, faute de personnel. L’AP-HP doit par exemple 1,3 million de RTT à ses 72000 agents. Ce surmenage affecte à la fois la santé physique et la santé mentale des soignants.

La médecine, faite pour préserver les biens les plus précieux qui soient - la vie et la santé -, demanderait - d'évidence - à être financée correctement dans une société avancée qui en a les moyens.