Revue philosophique

Historien et sociologue, Pierre Rosanvallon est actuellement titulaire de la Chaire d’Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France et Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Dans sa jeunesse, il a été secrétaire à la CFDT, puis il a adhéré à la tendance politique incarnée par Michel Rocard, avant de se lancer, en 1978, dans la recherche intellectuelle, car les projets politiques militants lui ont paru trop généraux et pas assez fondés.

Il a été nommé Maître de conférence à l'école des hautes études en sciences sociales en 1983. À cette époque, il y >régnait une grande liberté ; c'était une « école d'éducation mutuelle » permettant une pluralité disciplinaire. Cette pluralité a convergé pour Pierre Rosanvallon vers un objet d'étude précis Rosanvallonquoique d'extension assez vaste : la démocratie, le contrat social, la justice sociale. Il lui paraissait urgent de répondre aux questions contemporaines sur les racines du totalitarisme, les conditions de la démocratie, les raisons du tournant libéral, la naissance de la modernité. Sa manière d'aborder l'histoire considère le politique comme l'objet central de la démocratie, le moteur de la vie collective.

Pour Pierre Rosanvallon, le passé est le laboratoire des déroulements sociopolitiques actuels qui ont nécessairement une matrice historique. Pour comprendre les questions et réponses données aux problèmes sociopolitiques du passé, il faut se faire « le personnage vivant de cette histoire », retracer les perplexités, les interrogations, les aveuglements des acteurs, leurs difficultés pratiques. Les grandes questions politiques se posent en permanence, mais il n'y a pas de répétition de situations identiques au fil du temps.

Son engagement constant consiste à combattre l’ignorance, à « armer intellectuellement les citoyens ». Les idées ont une efficacité si elles sont reprises et portées largement dans la société. Il y a cinq ans, Pierre Rosanvallon a lancé> le projet collectif « Raconter la vie », car il lui a semblé important que chacun soit représenté dans la société contemporaine ; faute de quoi le citoyen se sent méprisé, ce qui conduit au retrait ou à la rébellion.

 

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