Revue philosophique

Une opinion assez répandue prétend que nous vivrions, en occident, dans une culture postmoderne qui favoriserait le narcissisme. C’est la thèse du sociologue américain Christopher Lasch (1979) qui décrit la personne narcissique comme superficiellement détendue et tolérante, mais en fait anxieuse et ayant perdu la notion d’appartenir à la succession des générations.

D’autres auteurs ont poursuivi dans cette voie critique, comme Gilles Lipovetsky ou Pierre Legendre, prétendant que notre civilisation verrait le triomphe de Narcisse. Le narcissisme vu selon ces auteurs est vague ; il associe individualisme, infantilisme, laisser aller, perte des repères. Cette opinion d'un narcissisme ambiant dans une "société dépressive" est colportée par Elizabeth Roudinesco (2017). Pour Anselme Jappe (2017), le narcissisme, assimilable à un nouveau fétichisme, est un trait caractéristique de la "forme sujet moderne" entendue comme construction culturelle d'un acteur extérieur au contexte social. Il n'est pas bienvenu de référer cette critique sociale au narcissisme. 

Narcisse visage

Voir le narcissisme sous l’angle négatif d’un dérèglement du caractère lié à un effet de civilisation n’est pas satisfaisant, car cette conception fait rater l’essentiel : le narcissisme concerne la construction de la personnalité ; il a trait à l’individuation, l’autonomisation, l’identité, la confiance en soi. Le voir uniquement sous le jour de l'égocentrisme, de l'égoïsme, d'un amour exagéré de soi est réducteur.

L'abord psychopathologique permet une compréhension bien plus  riche du narcissisme.

Pour en savoir plus, deux articles : Le narcissisme et Les passions narcissiques