Revue philosophique

Le holisme est une manière de penser qui envisage le monde, ou certains de ses aspects, de manière globale. Il peut s'appliquer à bien des choses et de bien des manières, mais nous le considérerons ici uniquement dans le cadre de la philosophie des sciences et de la connaissance.

Le mot « holisme » a été introduit par Jan Smuts en 1926 pour qui il désignait la tendance de la nature à former des entités plus grandes que la somme des parties.

Le holisme est un principe général, une façon de penser, une logique au sens très large du terme, qui suppose deux aspects :

  • Il existe des relations entre les parties de la plupart des entités individualisables et ces relations (ou au moins certaines d'entre elles) affectent les propriétés des parties et de l’ensemble.
  • Certaines des propriétés manifestées par l’entité ne sont pas dérivables des propriétés de ses parties, car elles dépendent des relations évoquées précédemment.

On peut ainsi considérer des ensembles organisés (ou structurés) et les considérer comme des entités aux propriétés nouvelles. L’organisation a une vertu constitutive, elle apporte par elle-même une forme d’existence différente et non négligeable, car si les parties sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. Ce principe permet d’accorder un statut ontologique aux entités complexes et leur conférer une forme d’existence réelle.

Le caractère de totalité des entités organisées fait que, si les parties peuvent être considérées séparément les unes des autres, l’ensemble a une existence propre et singulière. Ilne peut pas être simplement expliqué par l'agrégation des parties qui le constituent et, de plus, il interfère avec elles.

Le holisme a été un intérêt en biologie, car il permet d'appréhender des objets d'étude comme des unités fonctionnelles visant à préserver leur existence (cellules, individus). En écologie, il permet de considérer l'ensemble du système constitué par l'objet d'étude situé dans son environnement. En épistémologie, Pierre Duhem a défendu l'idée de considérer les domaines scientifiques comme des ensembles. Pour cet auteur, ce n'est jamais un énoncé scientifique isolé, mais la science dans son entier qui affronte le verdict de l'expérience.

Le mot est également utilisé dans les sciences sociales. Émile Durkheim est souvent présenté comme le fondateur de l’approche holistique, mais lui-même n'utilisait pas ce terme qui était surtout employé par ceux qui le critiquent. Durkheim a cherché à définir l'objet de la sociologie. C'est en définissant des objets spécifiques que la sociologie peut devenir une science. Pourtant, tout ce qui est social n’est pas nécessairement sociologique. Les objets de la sociologie sont ceux qui subissent exclusivement un déterminisme social.

Pierre Bourdieu, lui aussi qualifié de « holiste », adopte l'attitude inverse. Pour lui, tout phénomène susceptible d’être influencé par l’environnement social peut faire l’objet d’une explication sociologique.

Le terme de holisme est d'un emploi difficile, car il est sujet à polémique et fréquemment interprété de manière péjorative comme un principe fantaisiste.